RUGBY CHAMPAGNE.
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CARLAW PARK
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Ce quatrième test hors programme devait avoir lieu le 18 août à Melbourne. Antoine Blain et les entraîneurs Jean Duhau et Bob Samatan étaient manifestement très inquiets. Ni Bartoletti , ni Mazon , ni Rinaldi n'étaient en mesure de tenir le poste de pilier . Dop était également indisponible à la mêlée ainsi que Duffort et Merquey à l'ouverture . Comes au centre , Cantoni et Lespès aux ailes , devaient à leur tour renoncer . Ainsi il fallait replâtrer l'équipe . Fort heureusement , la force de cette tournée résidait dans la qualité de tous les joueurs et les éléments mis en réserve valaient souvent ceux choisis pour défendre les couleurs françaises.
Le triumvirat , qui dirigeait les destinées , constitua donc l'équipe suivante:
arrière : Puig-Aubert , capitaine
trois-quarts : Maurice André , Caillou, Crespo,Contrastin.
Ouverture: Bellan
Mêlée : Calixte
troisième ligne : Perez
deuxième ligne : Brousse , Ponsinet
Première ligne : Béraud , Martin , Audoubert.
La lecture même du XIII de France suffisait à révéler l'embarras qui avait
présidé à sa formation . Maurice André , habituel arrière , jouait à l'aile;
Calixte , grand et élégant troisième ligne , opérait à la mêlée et Audoubert
qui devait s'imposer par la suite comme un extraordinaire talonneur , était promu au grade de pilier .
Prudent , Antoine Blain avait demandé , avant de donner son accord , que ce test supplémentaire ne figurât point au palmarès . Les Australiens firent un moue de déception car ils espéraient bien saisir cette occasion
unique de se racheter , mais contre mauvaise fortune , ils acceptèrent de bon coeur.....
Le triumvirat , qui dirigeait les destinées , constitua donc l'équipe suivante:
arrière : Puig-Aubert , capitaine
trois-quarts : Maurice André , Caillou, Crespo,Contrastin.
Ouverture: Bellan
Mêlée : Calixte
troisième ligne : Perez
deuxième ligne : Brousse , Ponsinet
Première ligne : Béraud , Martin , Audoubert.
La lecture même du XIII de France suffisait à révéler l'embarras qui avait
présidé à sa formation . Maurice André , habituel arrière , jouait à l'aile;
Calixte , grand et élégant troisième ligne , opérait à la mêlée et Audoubert
qui devait s'imposer par la suite comme un extraordinaire talonneur , était promu au grade de pilier .
Prudent , Antoine Blain avait demandé , avant de donner son accord , que ce test supplémentaire ne figurât point au palmarès . Les Australiens firent un moue de déception car ils espéraient bien saisir cette occasion
unique de se racheter , mais contre mauvaise fortune , ils acceptèrent de bon coeur.....
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CARLAW PARK
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Tandis que le gros de la troupe , conduite par Antoine Blain et Bob Samatan s'embarquait sur le " STRATHEDEN" via Marseille , le commando de Melbourne s'envolait avec Jean Duhau pour Melbourne . Il devait reprendre le "Stratheden" au passage à Adélaïde.
Dans l'avion , un seul homme était soucieux : Puig-Aubert . Le plus gai , le plus insouciant de nos joueurs réfléchissait sérieusement .
Le plus riche club d'Australie , Saint-George de Sydney , lui avait offert
8 millions de l'époque pour rester trois ans en Australie , ainsi qu'une mensualité de 100.000 francs , un pavillon et le voyage aller-retour pour sa femme et sa petite fille. On a beau être une vedette mondiale , Puig-Aubert était un homme heureux mais sans fortune.Il avait demandé trois jours de réflexion , alors il réfléchissait.
A Melbourne , comme s'ils étaient pressés de s'embarquer pour la France , les Tricolores menèrent rondement l'affaire .
Retrouvant aussitôt , le rythme des grands jours , ils se jouèrent des "Kangourous" avec une telle maîtrise , que le film de ce match , sans la moindre fausse note , est aujourd'hui encore conservé dans la cinémathèque de la Rugby League d'Australie et sert de modèle aux entraineurs australiens.
Débordant une fois de plus , les Australiens , Béraud marquait deux essais
puis Maurice André , Crespo et Contrastin chacun un.
Mais, dominant le match de sa fascinante personnalité , Puig-Aubert marquait 19 points à lui tout seul : quatre buts , quatre transformations et en prime un essai .
Le XIII de France triomphait donc de l'Australie par 34 à 17 .
Cette fois , il n'y avait pas à croire en une passagère défaillance australienne.
Le lendemain , le "Melbourne Herald" titrait :
LE RUGBY-CHAMPAGNE TROP FORT , TROP PETILLANT POUR LES "KANGOUROUS".
Quant à Puig-Aubert , il était déifié . Dans le "Daily Mirror " de Sydney,
Arthur Mailey écrivait :
" Puig-Aubert a collectionné les souvenirs pour son magasin d'articles de sports mais j'imagine volontiers que le meilleur souvenir pour ce grand joueur devrait être une paire de poteaux de buts . Quand il place sa balle pour un coup de pied , il se retourne , regarde la pendule , bavarde avec les joueurs de la réserve installés le long de la touche. Je pense qu'il pourrait réussir un but du vestiaire s'il était certain que les officiels ne craignent pas de recevoir la balle derrière la tête."
Toute l'Australie attirait "Pipette" , et celui-ci était bien tenté de s'engager sur ce pont d'or . Il devait revoir les dirigeants de Saint-George , le mardi 22 août , juste avant que le commando de Jean Duhau ne parte rejoindre
le " Stratheden" à Adélaïde . La veille au soir , il était prêt à rester.
- Après tout, trois ans , c'est vite passé , disait-il à ses copains.
Le rendez-vous était pour le mardi matin . Le matin en se réveillant , il eut le trac . Dans la chambre qu'il partageait avec Contrastin , celui-ci bouclait son sac.
- Alors , "Pipette" , on te laisse ?
- Oui , répondit-il , en tirant nerveusement sur sa première cigarette.
Dans le hall , la petite troupe était rassemblée et "Pipette" ne disait pas une parole........
Dans l'avion , un seul homme était soucieux : Puig-Aubert . Le plus gai , le plus insouciant de nos joueurs réfléchissait sérieusement .
Le plus riche club d'Australie , Saint-George de Sydney , lui avait offert
8 millions de l'époque pour rester trois ans en Australie , ainsi qu'une mensualité de 100.000 francs , un pavillon et le voyage aller-retour pour sa femme et sa petite fille. On a beau être une vedette mondiale , Puig-Aubert était un homme heureux mais sans fortune.Il avait demandé trois jours de réflexion , alors il réfléchissait.
A Melbourne , comme s'ils étaient pressés de s'embarquer pour la France , les Tricolores menèrent rondement l'affaire .
Retrouvant aussitôt , le rythme des grands jours , ils se jouèrent des "Kangourous" avec une telle maîtrise , que le film de ce match , sans la moindre fausse note , est aujourd'hui encore conservé dans la cinémathèque de la Rugby League d'Australie et sert de modèle aux entraineurs australiens.
Débordant une fois de plus , les Australiens , Béraud marquait deux essais
puis Maurice André , Crespo et Contrastin chacun un.
Mais, dominant le match de sa fascinante personnalité , Puig-Aubert marquait 19 points à lui tout seul : quatre buts , quatre transformations et en prime un essai .
Le XIII de France triomphait donc de l'Australie par 34 à 17 .
Cette fois , il n'y avait pas à croire en une passagère défaillance australienne.
Le lendemain , le "Melbourne Herald" titrait :
LE RUGBY-CHAMPAGNE TROP FORT , TROP PETILLANT POUR LES "KANGOUROUS".
Quant à Puig-Aubert , il était déifié . Dans le "Daily Mirror " de Sydney,
Arthur Mailey écrivait :
" Puig-Aubert a collectionné les souvenirs pour son magasin d'articles de sports mais j'imagine volontiers que le meilleur souvenir pour ce grand joueur devrait être une paire de poteaux de buts . Quand il place sa balle pour un coup de pied , il se retourne , regarde la pendule , bavarde avec les joueurs de la réserve installés le long de la touche. Je pense qu'il pourrait réussir un but du vestiaire s'il était certain que les officiels ne craignent pas de recevoir la balle derrière la tête."
Toute l'Australie attirait "Pipette" , et celui-ci était bien tenté de s'engager sur ce pont d'or . Il devait revoir les dirigeants de Saint-George , le mardi 22 août , juste avant que le commando de Jean Duhau ne parte rejoindre
le " Stratheden" à Adélaïde . La veille au soir , il était prêt à rester.
- Après tout, trois ans , c'est vite passé , disait-il à ses copains.
Le rendez-vous était pour le mardi matin . Le matin en se réveillant , il eut le trac . Dans la chambre qu'il partageait avec Contrastin , celui-ci bouclait son sac.
- Alors , "Pipette" , on te laisse ?
- Oui , répondit-il , en tirant nerveusement sur sa première cigarette.
Dans le hall , la petite troupe était rassemblée et "Pipette" ne disait pas une parole........
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Il aurait voulu plaisanter pour dissiper cette tristesse qui paralysait l'équipe de France mais il craignait que les mots s'étranglent au fond de sa gorge .
Jean Duhau , qui n'a jamais été seulement l'entraîneur mais le père , le frère , l'ami , le copain de ses joueurs , se grattait un ongle en fixant le sol. Lorsque Duhau leva la tête , son regard accrocha celui de Puig-Aubert.
Il était triste , Duhau , et "Pipette" lut dans ses bons yeux toute la chaleur humaine qui allait lui manquer pendant trois ans .
Les dirigeants de Saint-George vinrent , les Tricolores s'effacèrent .
Allait-on perdre "Pipette" ? Rester pour lui , c'était mourir un peu , alors il dit non , gentiment, mais fermement.
Les Australiens lui serrèrent la main , lui souhaitèrent bon voyage , saluèrent l'équipe de la main et s'en furent.
Aussitôt , les Tricolores se pressèrent autour de "Pipette" et celui-ci , de sa bonne voix rauque , leur dit avec un brin d'émotion :
- Eh oui , j'ai réfléchi ! J'ai pensé que , vous partis , sans gauloises et sans pétanque , je ne pouvais pas m'entraîner . Que voulez-vous , c'est un cas de force majeure , qui me fait partir ! .
Ils partirent donc , joyeux et au complet , sur le " Stratheden" , prenant le temps , lors de la dernière escale australienne à Perth , de triompher par 70 à 23 , de l'Australie Occidentale . Puig-Aubert , cette fois réussissait 20 points à lui tout seul : sept buts et deux essais !
"Pipette" venait de battre un ultime record : celui du total des points sur l'ensemble d'une tournée en Australasie , que détenait encore le fameux Jim Sullivan avec 223 points .Puig-Aubert totalisait 241 points : 110 buts, drops et transformations et 7 essais !
Les Tricolores partis , l'Australie restait encore abasourdie par ce rythme effréné de l'équipe de France et aussi par son étrange façon de concevoir le rugby. Aux antipodes , un champion se voue presque totalement au sport . Entraînement sérieux , régime alimentaire , abstinence , tels étaient les principes de base des Australiens.
Et puis les Tricolores vinrent. Avec leur tempérament rabelaisien , ils jetèrent bas toutes les belles théories des licenciés ès-muscles si bien que le "Sydney Morning Herald" fit une enquête .
Après avoir apprécié la vitesse et la rigueur des rugbymen français, on a du mal à croire en l'utilité de régimes conditionnés par nos spécialistes à l'usage des sportifs " écrivait-il . "Ces joueurs rapides et intelligents ont affolé tous les experts en nourriture par l'énorme quantité de pain qu'ils consommaient . Les serveuses de l'hôtel passaient le plus clair de leur temps à apporter du pain sur les tables . Avec ça , ils buvaient chaque jour autant de vin à table que nous à un banquet d'anciens combattants et ils ne se privaient jamais d'un bon verre de bière . Ils appréciaient particulièrement la purée . Beaucoup fumaient . Enfin ils avaient une coutume étrange : celle de verser dans l'assiette une bonne rasade de vin rouge à la fin de leur soupe , ce qui faisait lever le coeur à tous les témoins de la scène. Tout cela faisait froncer les sourcils à nos entraîneurs.Mais examinez les résultats. Ces Français nous ont surclassés."
Le lendemain , un diététicien répliquait :
" Quel dommage , précisément , que ces fameux Français se soient si mal alimentés ! S'ils avaient suivi nos principes fondamentaux de l'alimentation chez les sportifs , en s'abstenant de certains plats et de certaines boissons , ils eussent été plus formidables encore."
Mais le " Sydney Morning Herald" n'était pas convaincu par cet argument et il concluait le lendemain :
" La merveille des merveilles était précisément l'arrière Puig-Aubert .Or il fume comme un feu de brousse , boit de tout , et a horreur de l'entraînement."
Les diététiciens des antipodes avaient probablement raison , pourtant , car en refusant toute discipline alimentaire et tout entraînement sérieux , notre phénoménal Puig-Aubert prit rapidement des allures de mappemonde , ce qui lui faisait dire en riant :
- J'ai tellement pris de muscles abdominaux que je ne vois plus mes souliers;
"Pipette" continua à faire des prouesses quelques années encore , tout en fumant deux paquets de gauloises et en buvant une douzaine de pastis par jour et surtout en s'abstenant scrupuleusement de tout entraînement.
Il réalisa encore des prodiges , mais que n'aurait-il pas réussi si, comme le dit Jean Duhau , "Il avait un peu moins abusé du coup de pied à suivre"?
Mais après tout , c'est la personnalité et le charme du rugby d'être le "sport où l'on s'amuse".
Le retour d'un mois sur le " S/S/Stratheden"de la Peninsular and Oriental Company, fut évidemment très joyeux. Les passagers n'eurent pas le temps de s'ennuyer . Le groupe des "sacs de noix" ainsi dénommé pour le rire sonore de ses composants ( Puig-Aubert , Mazon , Martin , Ponsinet ,Contrastin , Lespès et Bartoletti ) se déchaîna . Passagers tombant dans la piscine , pétards dans la salle à manger , Antoine Blain, malgré toute son autorité , était débordé.
Un jour , le capitaine l'invita à boire un scotch au bar .Perchés sur des tabourets , le capitaine et Antoine Blain discutaient amicalement en dégustant leur whisky. Le capitaine , véritable gentleman, tenait à peu près ce langage à Antoine Blain que sa verve au sein de l'équipe de Carcassonne avait fait surnommer l'"avocat":
- Monsieur Blain , vos garçons sont très sympathiques , mais ils font trop de bruit. Hier , il y a eu trois explosions de pétards sur le bateau , c'est un peu trop ...
Et Antoine Blain tenta de plaider la cause des bruyants Taillefer :
- Que voulez-vous , capitaine , ils sont jeunes , ils viennent d'être élus
champions du monde , alors ce sont des explosions de joie .Je vais leur parler et , croyez-moi ils seront très sages dorénavant...
Antoine Blain achevait à peine ces paroles qu'un pétard gros modèle explosait sous le tabouret du capitaine qui ne put s'empêcher d'éclater de rire.
L'arrivée à Marseille , le 19 septembre , fut un véritable triomphe .
Chacun dans une voiture découverte , les "Australiens " défilèrent sur le Vieux Port et la Canebière , entre dix rangs de spectateurs.
On n'avait jamais vu une chose pareille et , pourtant à Marseille , que n'a -t-on pas vu?...
Paul Barrière et Claude Devernois attendaient sur le quai avec une foule énorme et une armée de reporters , de photographes et de cinéastes.
Marseille était en fête , pavoisée , vibrante comme après la Libération.
Chaque joueur fut installé , debout , des guirlandes autour du cou , dans une voiture décapotable où l'on avait placé à l'avant le nom du héros en lettres énormes. Ce fut un défilé comme à Broadway .
Pour que les dizaines de milliers de Marseillais puissent admirer les "Australiens" , on avait interdit toute la circulation sur le Vieux Port , la Canebière , les allées Gambetta , la rue de Rome , le cours Belsunce.
Police en tête , pluie de coqs tricolores en papier , banderoles en travers de la Canebière "GLOIRE A L'EQUIPE DE FRANCE" , " HONNEUR AUX TRICOLORES".
Pour le XIII de France , la Porte de l'Orient était devenue la Porte Dorée.
N'était-ce-point une juste revanche pour ceux qui étaient partis seuls ,méconnus , dans l'indifférence générale? .......
Jean Duhau , qui n'a jamais été seulement l'entraîneur mais le père , le frère , l'ami , le copain de ses joueurs , se grattait un ongle en fixant le sol. Lorsque Duhau leva la tête , son regard accrocha celui de Puig-Aubert.
Il était triste , Duhau , et "Pipette" lut dans ses bons yeux toute la chaleur humaine qui allait lui manquer pendant trois ans .
Les dirigeants de Saint-George vinrent , les Tricolores s'effacèrent .
Allait-on perdre "Pipette" ? Rester pour lui , c'était mourir un peu , alors il dit non , gentiment, mais fermement.
Les Australiens lui serrèrent la main , lui souhaitèrent bon voyage , saluèrent l'équipe de la main et s'en furent.
Aussitôt , les Tricolores se pressèrent autour de "Pipette" et celui-ci , de sa bonne voix rauque , leur dit avec un brin d'émotion :
- Eh oui , j'ai réfléchi ! J'ai pensé que , vous partis , sans gauloises et sans pétanque , je ne pouvais pas m'entraîner . Que voulez-vous , c'est un cas de force majeure , qui me fait partir ! .
Ils partirent donc , joyeux et au complet , sur le " Stratheden" , prenant le temps , lors de la dernière escale australienne à Perth , de triompher par 70 à 23 , de l'Australie Occidentale . Puig-Aubert , cette fois réussissait 20 points à lui tout seul : sept buts et deux essais !
"Pipette" venait de battre un ultime record : celui du total des points sur l'ensemble d'une tournée en Australasie , que détenait encore le fameux Jim Sullivan avec 223 points .Puig-Aubert totalisait 241 points : 110 buts, drops et transformations et 7 essais !
Les Tricolores partis , l'Australie restait encore abasourdie par ce rythme effréné de l'équipe de France et aussi par son étrange façon de concevoir le rugby. Aux antipodes , un champion se voue presque totalement au sport . Entraînement sérieux , régime alimentaire , abstinence , tels étaient les principes de base des Australiens.
Et puis les Tricolores vinrent. Avec leur tempérament rabelaisien , ils jetèrent bas toutes les belles théories des licenciés ès-muscles si bien que le "Sydney Morning Herald" fit une enquête .
Après avoir apprécié la vitesse et la rigueur des rugbymen français, on a du mal à croire en l'utilité de régimes conditionnés par nos spécialistes à l'usage des sportifs " écrivait-il . "Ces joueurs rapides et intelligents ont affolé tous les experts en nourriture par l'énorme quantité de pain qu'ils consommaient . Les serveuses de l'hôtel passaient le plus clair de leur temps à apporter du pain sur les tables . Avec ça , ils buvaient chaque jour autant de vin à table que nous à un banquet d'anciens combattants et ils ne se privaient jamais d'un bon verre de bière . Ils appréciaient particulièrement la purée . Beaucoup fumaient . Enfin ils avaient une coutume étrange : celle de verser dans l'assiette une bonne rasade de vin rouge à la fin de leur soupe , ce qui faisait lever le coeur à tous les témoins de la scène. Tout cela faisait froncer les sourcils à nos entraîneurs.Mais examinez les résultats. Ces Français nous ont surclassés."
Le lendemain , un diététicien répliquait :
" Quel dommage , précisément , que ces fameux Français se soient si mal alimentés ! S'ils avaient suivi nos principes fondamentaux de l'alimentation chez les sportifs , en s'abstenant de certains plats et de certaines boissons , ils eussent été plus formidables encore."
Mais le " Sydney Morning Herald" n'était pas convaincu par cet argument et il concluait le lendemain :
" La merveille des merveilles était précisément l'arrière Puig-Aubert .Or il fume comme un feu de brousse , boit de tout , et a horreur de l'entraînement."
Les diététiciens des antipodes avaient probablement raison , pourtant , car en refusant toute discipline alimentaire et tout entraînement sérieux , notre phénoménal Puig-Aubert prit rapidement des allures de mappemonde , ce qui lui faisait dire en riant :
- J'ai tellement pris de muscles abdominaux que je ne vois plus mes souliers;
"Pipette" continua à faire des prouesses quelques années encore , tout en fumant deux paquets de gauloises et en buvant une douzaine de pastis par jour et surtout en s'abstenant scrupuleusement de tout entraînement.
Il réalisa encore des prodiges , mais que n'aurait-il pas réussi si, comme le dit Jean Duhau , "Il avait un peu moins abusé du coup de pied à suivre"?
Mais après tout , c'est la personnalité et le charme du rugby d'être le "sport où l'on s'amuse".
Le retour d'un mois sur le " S/S/Stratheden"de la Peninsular and Oriental Company, fut évidemment très joyeux. Les passagers n'eurent pas le temps de s'ennuyer . Le groupe des "sacs de noix" ainsi dénommé pour le rire sonore de ses composants ( Puig-Aubert , Mazon , Martin , Ponsinet ,Contrastin , Lespès et Bartoletti ) se déchaîna . Passagers tombant dans la piscine , pétards dans la salle à manger , Antoine Blain, malgré toute son autorité , était débordé.
Un jour , le capitaine l'invita à boire un scotch au bar .Perchés sur des tabourets , le capitaine et Antoine Blain discutaient amicalement en dégustant leur whisky. Le capitaine , véritable gentleman, tenait à peu près ce langage à Antoine Blain que sa verve au sein de l'équipe de Carcassonne avait fait surnommer l'"avocat":
- Monsieur Blain , vos garçons sont très sympathiques , mais ils font trop de bruit. Hier , il y a eu trois explosions de pétards sur le bateau , c'est un peu trop ...
Et Antoine Blain tenta de plaider la cause des bruyants Taillefer :
- Que voulez-vous , capitaine , ils sont jeunes , ils viennent d'être élus
champions du monde , alors ce sont des explosions de joie .Je vais leur parler et , croyez-moi ils seront très sages dorénavant...
Antoine Blain achevait à peine ces paroles qu'un pétard gros modèle explosait sous le tabouret du capitaine qui ne put s'empêcher d'éclater de rire.
L'arrivée à Marseille , le 19 septembre , fut un véritable triomphe .
Chacun dans une voiture découverte , les "Australiens " défilèrent sur le Vieux Port et la Canebière , entre dix rangs de spectateurs.
On n'avait jamais vu une chose pareille et , pourtant à Marseille , que n'a -t-on pas vu?...
Paul Barrière et Claude Devernois attendaient sur le quai avec une foule énorme et une armée de reporters , de photographes et de cinéastes.
Marseille était en fête , pavoisée , vibrante comme après la Libération.
Chaque joueur fut installé , debout , des guirlandes autour du cou , dans une voiture décapotable où l'on avait placé à l'avant le nom du héros en lettres énormes. Ce fut un défilé comme à Broadway .
Pour que les dizaines de milliers de Marseillais puissent admirer les "Australiens" , on avait interdit toute la circulation sur le Vieux Port , la Canebière , les allées Gambetta , la rue de Rome , le cours Belsunce.
Police en tête , pluie de coqs tricolores en papier , banderoles en travers de la Canebière "GLOIRE A L'EQUIPE DE FRANCE" , " HONNEUR AUX TRICOLORES".
Pour le XIII de France , la Porte de l'Orient était devenue la Porte Dorée.
N'était-ce-point une juste revanche pour ceux qui étaient partis seuls ,méconnus , dans l'indifférence générale? .......
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RUGBY CHAMPAGNE
UNE COURONNE AU BOUT DU MONDE.
mon centre cède , ma droite recule,
situation excellente ,j'attaque.
Maréchal FOCH.
La famille Taillefer eut bien des ennuis pendant un lustre .
Lorsque vint l'heure de la retraite , " Grand-père Taillefer" alias Lolo Mazon , dont l'appendice nasal avait passablement souffert dans les mêlèes et démêlés du rugby , se vit offrir un nez à la grecque par l'A.S.Carcassonne , pour ses bons et loyaux services . L'opération fut parfaitement réussie par un esthéticien de grand talent .N'eût été sa tignasse blonde plus révoltée encore que son propriétaire , on l'eût pris
volontiers pour le Kirk Douglas du Languedoc .
Hélas ! la "pibane" lui fit un jour un pied de nez.
La glorieuse A.S.C se trouva , un beau dimanche matin , privée d'un pilier de poids . Les supporters vinrent donc trouver notre Lolo , pour lui proposer de faire un petit extra. Bah ! pour lui , le vieux gladiateur , un match de plus ou de moins ,ça ne comptait pas beaucoup et puis il était toujours en forme le bougre. Il se fit prier un peu pour le principe , et peut-être aussi pour une petite prime spéciale . On lui rappela alors l'intarissable gloire carcassonnaise au firmament du Championnat et de la Coupe . Macarel ! ça devait continuer . On n'allait pas laisser Villeneuve, Albi , Bordeaux , Lyon , Marseille ou les Catalans, venir faire la loi au pied de la Cité! A ces mots Lolo décida de redescendre dans l'arène.
On le revit donc en première ligne et tous se rallièrent à son profil de médaille . Le début fut superbe et puis, tout à coup , il y eut un attroupement . Les Carcassonnais appelèrent le soigneur et Lolo sortit du terrain le nez ensanglanté . Voilà pourquoi , sous l'effet d'un destin contraire et d'un poing ennemi , "Grand-père Taillefer" arbore aujourd'hui un nez expressif , tourmenté , belliqueux comme la carrière exceptionnelle de ce pilier nommé Mazon et surnommé aux antipodes"The Wild man " , l'homme sauvage , celui qui ne craignait ni les hommes , ni la foule , ni les arbitres mais seulement la colère de sa charmante femme qui le menait , dit-on , mais que ne dit-on pas ? par le bout du nez.
Après "Grand-père Taillefer", ce fut au tour de l'"Oncle Edouard" de renoncer aux aventures internationales du XIII de France . Sans doute continuait-il à casser les noix dans le creux du bras , ou à ouvrir les boites de sardines sans aucun ustensile , simplement en prenant la languette de fer entre le pouce et l'index , mais Edouard Ponsinet , le doux colosse , s'estimant mûr pour la vie de famille , se contenta d'aller donner la leçon de rugby à Lézignan.
Sous son autorité les gars des Corbières retrouvèrent une notoriété perdue , et à la gare , le préposé aux arrivées montra le changement radical de style en ne saluant plus les équipes visiteuses , par cette phrase lourde de sous-entendus :
"Lézignan-la-Matraque , tout le monde descend".
Bientôt donc , les supporters carcassonnais ne purent plus entonner leur chant favori sur l'air de "Vive le vent" :
Un essai de Ponsinet
Vive l' A.S.C.
Un second
De Mazon
Ah ! le bon garçon !
Martin Martin dit l"Espagnol" , car il était né à Valladolid , Henri Vaslin "L'Autrichien" , à cause de ses cheveux blonds , renoncèrent eux aussi à la sélection.
Vincent Cantoni blessé au genou , Elie Brousse, le tendon sectionné comme le roi des Myrmidons , partirent trop tôt . Beraud , très pris par la remontée d'Avignon et la montée de son café , le beau Raoul Perez le "Gitan" , de moins en moins intéresé par l'entraînement , descendirent à leur tour de leur piédestal . Calixte la Méthode ,victime lui aussi d'un accident au genou , raccrocha . Caillou et Comes arrivèrent tout doucettement en fin de carrière internationale et quittèrent la scène en pleine gloire . Duffort , Réné La Science , après avoir été capitaine du Celtic de Paris et de Lyon , allait, grossir les rangs des limonadiers patentés.
Enfin , le président Barrière , après la première Coupe du Monde en 1954 , abandonna l'arène pour se consacrer à la tauromachie.
Les internationaux passaient , Claude Devernois restait , le grand animateur du néo-rugby .
Le XIII de France ayant pas mal perdu de ses " Australiens" , maintenait néammoins son standing , triomphait tour à tour de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie venues lui rendre visite pendant les saisons 1951-52 et 1952-53 .
Dans le Coupe du Monde 1954 , il collectionna encore les victoires sur la Nouvelle-Zélande à Paris , et l'Australie à Nantes et fit match-nul avec la Grande -Bretagne . Il fallut une finale au Parc des Princes , pour que la France s'inclinât de justesse ( 16-12 )
Au moment où sonna l'appel pour la deuxième croisade australienne.....
UNE COURONNE AU BOUT DU MONDE.
mon centre cède , ma droite recule,
situation excellente ,j'attaque.
Maréchal FOCH.
La famille Taillefer eut bien des ennuis pendant un lustre .
Lorsque vint l'heure de la retraite , " Grand-père Taillefer" alias Lolo Mazon , dont l'appendice nasal avait passablement souffert dans les mêlèes et démêlés du rugby , se vit offrir un nez à la grecque par l'A.S.Carcassonne , pour ses bons et loyaux services . L'opération fut parfaitement réussie par un esthéticien de grand talent .N'eût été sa tignasse blonde plus révoltée encore que son propriétaire , on l'eût pris
volontiers pour le Kirk Douglas du Languedoc .
Hélas ! la "pibane" lui fit un jour un pied de nez.
La glorieuse A.S.C se trouva , un beau dimanche matin , privée d'un pilier de poids . Les supporters vinrent donc trouver notre Lolo , pour lui proposer de faire un petit extra. Bah ! pour lui , le vieux gladiateur , un match de plus ou de moins ,ça ne comptait pas beaucoup et puis il était toujours en forme le bougre. Il se fit prier un peu pour le principe , et peut-être aussi pour une petite prime spéciale . On lui rappela alors l'intarissable gloire carcassonnaise au firmament du Championnat et de la Coupe . Macarel ! ça devait continuer . On n'allait pas laisser Villeneuve, Albi , Bordeaux , Lyon , Marseille ou les Catalans, venir faire la loi au pied de la Cité! A ces mots Lolo décida de redescendre dans l'arène.
On le revit donc en première ligne et tous se rallièrent à son profil de médaille . Le début fut superbe et puis, tout à coup , il y eut un attroupement . Les Carcassonnais appelèrent le soigneur et Lolo sortit du terrain le nez ensanglanté . Voilà pourquoi , sous l'effet d'un destin contraire et d'un poing ennemi , "Grand-père Taillefer" arbore aujourd'hui un nez expressif , tourmenté , belliqueux comme la carrière exceptionnelle de ce pilier nommé Mazon et surnommé aux antipodes"The Wild man " , l'homme sauvage , celui qui ne craignait ni les hommes , ni la foule , ni les arbitres mais seulement la colère de sa charmante femme qui le menait , dit-on , mais que ne dit-on pas ? par le bout du nez.
Après "Grand-père Taillefer", ce fut au tour de l'"Oncle Edouard" de renoncer aux aventures internationales du XIII de France . Sans doute continuait-il à casser les noix dans le creux du bras , ou à ouvrir les boites de sardines sans aucun ustensile , simplement en prenant la languette de fer entre le pouce et l'index , mais Edouard Ponsinet , le doux colosse , s'estimant mûr pour la vie de famille , se contenta d'aller donner la leçon de rugby à Lézignan.
Sous son autorité les gars des Corbières retrouvèrent une notoriété perdue , et à la gare , le préposé aux arrivées montra le changement radical de style en ne saluant plus les équipes visiteuses , par cette phrase lourde de sous-entendus :
"Lézignan-la-Matraque , tout le monde descend".
Bientôt donc , les supporters carcassonnais ne purent plus entonner leur chant favori sur l'air de "Vive le vent" :
Un essai de Ponsinet
Vive l' A.S.C.
Un second
De Mazon
Ah ! le bon garçon !
Martin Martin dit l"Espagnol" , car il était né à Valladolid , Henri Vaslin "L'Autrichien" , à cause de ses cheveux blonds , renoncèrent eux aussi à la sélection.
Vincent Cantoni blessé au genou , Elie Brousse, le tendon sectionné comme le roi des Myrmidons , partirent trop tôt . Beraud , très pris par la remontée d'Avignon et la montée de son café , le beau Raoul Perez le "Gitan" , de moins en moins intéresé par l'entraînement , descendirent à leur tour de leur piédestal . Calixte la Méthode ,victime lui aussi d'un accident au genou , raccrocha . Caillou et Comes arrivèrent tout doucettement en fin de carrière internationale et quittèrent la scène en pleine gloire . Duffort , Réné La Science , après avoir été capitaine du Celtic de Paris et de Lyon , allait, grossir les rangs des limonadiers patentés.
Enfin , le président Barrière , après la première Coupe du Monde en 1954 , abandonna l'arène pour se consacrer à la tauromachie.
Les internationaux passaient , Claude Devernois restait , le grand animateur du néo-rugby .
Le XIII de France ayant pas mal perdu de ses " Australiens" , maintenait néammoins son standing , triomphait tour à tour de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie venues lui rendre visite pendant les saisons 1951-52 et 1952-53 .
Dans le Coupe du Monde 1954 , il collectionna encore les victoires sur la Nouvelle-Zélande à Paris , et l'Australie à Nantes et fit match-nul avec la Grande -Bretagne . Il fallut une finale au Parc des Princes , pour que la France s'inclinât de justesse ( 16-12 )
Au moment où sonna l'appel pour la deuxième croisade australienne.....
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CARLAW PARK
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....., il y avait encore , prêts à prendre le départ , quelques héros de 1951 : Puig-Aubert malgré une bedaine de ministre , Dop pas encore assagi, Merquey plus irrésistible que jamais , "Dumbo" Delaye qui dépassait allégrement le quintal , Montrucolis vieux lion qui rugissait encore, Audoubert " Monseigneur" dans tout son rayonnement et Contrastin qui avait perdu un peu de vitesse , mais qui savait encore planter son essai au coin du bois.
A ce cadre d'anciens , on avait adjoint de jeunes troupes et un presque ancêtre , Gabriel Berthomieu dit "Hugues" tout bonnement parce que lors du match de la reprise contre l'Angleterre , le 23 février 1946 à Swinton ,par ordre alphabétique il fut le premier " capé " . De là , à faire un rapprochement avec Hugues , le premier des rois Capétiens , il n'y avait qu'un pas , qui fut franchi sans histoire.
Les Tricolores subirent leur premier coup dur de cette deuxième tournée , avant le départ. En demi-finale de la Coupe de France , le 24 Avril , à Lyon , Puig-Aubert se blessait au bras gauche , à la troisième minute de jeu . Conduit de suite à l'hôpital Edouard-Herriot , on décéla une fracture de l'humérus . Le tour du monde à la tête des Tricolores était fini pour lui. En France et aux antipodes , où tout le monde voulait revoir l'inégalable "Pipette" , ce fut la consternation. Pour le XIII de France ce fut un bien grand dommage car , dans l'ombre de celui que "l'Equipe" avait élu Champion des Champions 1951 , aucun arrière ne s'était dressé en rival et éventuel remplaçant.
Le samedi 7 mai 1955 , le Comité directeur réuni à Marseille décidait de la composition de l'équipe de France , pour sa deuxième tournée aux antipodes .
Au programme 32 matches , 25 en Australie , 7 en Nouvelle-Zélande.
Pour presque , quatre mois de campagne , ..........
A ce cadre d'anciens , on avait adjoint de jeunes troupes et un presque ancêtre , Gabriel Berthomieu dit "Hugues" tout bonnement parce que lors du match de la reprise contre l'Angleterre , le 23 février 1946 à Swinton ,par ordre alphabétique il fut le premier " capé " . De là , à faire un rapprochement avec Hugues , le premier des rois Capétiens , il n'y avait qu'un pas , qui fut franchi sans histoire.
Les Tricolores subirent leur premier coup dur de cette deuxième tournée , avant le départ. En demi-finale de la Coupe de France , le 24 Avril , à Lyon , Puig-Aubert se blessait au bras gauche , à la troisième minute de jeu . Conduit de suite à l'hôpital Edouard-Herriot , on décéla une fracture de l'humérus . Le tour du monde à la tête des Tricolores était fini pour lui. En France et aux antipodes , où tout le monde voulait revoir l'inégalable "Pipette" , ce fut la consternation. Pour le XIII de France ce fut un bien grand dommage car , dans l'ombre de celui que "l'Equipe" avait élu Champion des Champions 1951 , aucun arrière ne s'était dressé en rival et éventuel remplaçant.
Le samedi 7 mai 1955 , le Comité directeur réuni à Marseille décidait de la composition de l'équipe de France , pour sa deuxième tournée aux antipodes .
Au programme 32 matches , 25 en Australie , 7 en Nouvelle-Zélande.
Pour presque , quatre mois de campagne , ..........
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......, l'expédition française dirigée par Antoine Blain, comprenait deux entraîneurs : Jean Duhau et René Duffort et les 28 joueurs suivants:
arrières : Dop ( Marseille ) G.Benausse ( Carcassonne)
Ailiers: Contrastin ( Bordeaux) Ducasse (Bordeaux) Savonne( Avignon)
Voron ( Lyon) F.Cantoni ( Toulouse)
Centres : Merquey ( Avignon) Teisseire ( Carcassonne) Rey( Lyon) Larroudé(Lyon)
Ouverture: Jimenez ( Villeneuve) Delpoux ( Carcassonne)
mêlée : Guilhem ( Carcassonne) Menichelli ( Celtic)
Troisième ligne: Duplé ( Bordeaux) Levy ( XIII Catalan)
Deuxième ligne : Montrucolis ( Cavaillon) Pambrun ( Marseille) Delaye( Marseille) Save ( Bordeaux) Jammes ( Carcassonne)
Piliers : Vanel ( Lyon) Berthomieu( Albi) Fabre ( Avignon) Carrere ( Villeneuve)
Talonneurs: Audoubert ( Lyon ) Moulis ( XIII Catalan)
C'était évidemment des places de principe , chaque joueur pouvant opérer à plusieurs postes .
Enfin l'équipe de France avait un supporter : l'arbitre parisien Roland Proust.
Le départ se fit en deux groupes . Le premier , conduit par Antoine Blain et Jean Duhau , devait livrer seul les premiers matches avant que le reste de la troupe le rejoigne à Sydney , une semaine plus tard.
Ce premier commando de choc comprenait 17 joueurs : Ducasse.Constrastin.Savonne.F.Cantoni.Jimenez.Larroudé.Duplé.Menichelli.Levy.Save.Pambrun.Delaye.Carrere.Moulis.Berthomieu.J.Fabre.Dop.
Bien avant que les Tricolores aient été sélectionnés , les Australiens s'étaient précipités aux bureaux de location.
Lorsque la petite troupe française toucha Darwin , le vendredi 13 mai , il était impossible d'avoir un billet pour le premier test prévu le 11 juin......
arrières : Dop ( Marseille ) G.Benausse ( Carcassonne)
Ailiers: Contrastin ( Bordeaux) Ducasse (Bordeaux) Savonne( Avignon)
Voron ( Lyon) F.Cantoni ( Toulouse)
Centres : Merquey ( Avignon) Teisseire ( Carcassonne) Rey( Lyon) Larroudé(Lyon)
Ouverture: Jimenez ( Villeneuve) Delpoux ( Carcassonne)
mêlée : Guilhem ( Carcassonne) Menichelli ( Celtic)
Troisième ligne: Duplé ( Bordeaux) Levy ( XIII Catalan)
Deuxième ligne : Montrucolis ( Cavaillon) Pambrun ( Marseille) Delaye( Marseille) Save ( Bordeaux) Jammes ( Carcassonne)
Piliers : Vanel ( Lyon) Berthomieu( Albi) Fabre ( Avignon) Carrere ( Villeneuve)
Talonneurs: Audoubert ( Lyon ) Moulis ( XIII Catalan)
C'était évidemment des places de principe , chaque joueur pouvant opérer à plusieurs postes .
Enfin l'équipe de France avait un supporter : l'arbitre parisien Roland Proust.
Le départ se fit en deux groupes . Le premier , conduit par Antoine Blain et Jean Duhau , devait livrer seul les premiers matches avant que le reste de la troupe le rejoigne à Sydney , une semaine plus tard.
Ce premier commando de choc comprenait 17 joueurs : Ducasse.Constrastin.Savonne.F.Cantoni.Jimenez.Larroudé.Duplé.Menichelli.Levy.Save.Pambrun.Delaye.Carrere.Moulis.Berthomieu.J.Fabre.Dop.
Bien avant que les Tricolores aient été sélectionnés , les Australiens s'étaient précipités aux bureaux de location.
Lorsque la petite troupe française toucha Darwin , le vendredi 13 mai , il était impossible d'avoir un billet pour le premier test prévu le 11 juin......
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La tournée commença par un triomphe le dimanche 15 mai , à Perth , contre la sélection de l'Australie Occidentale , immense territoire cinq fois plus vaste que la France . Sous son ciel de Riviera , Perth vit le XIII de France battre le record d'affluence . En 1951 , 7.000 spectateurs étaient venus voir les Tricolores triompher par 70 à 23 . Cette fois , il y avait 15.200 personnes pour assister au succès de la France. L'Australie Occidentale affirmait de réels progrès défensifs car elle n'était battue que par 31 à 6 . A noter que les Bordelais avaient marqué tous les points , à savoir Contrastin 3 essais , Save 3 essais , Ducasse 2 essais et, enfin Duple 1 essai et 2 transformations .
Le mercredi 18 mai , à Adélaïde , les Tricolores firent de nouveau "cavalier seul" aux dépens de l'Australie du Sud . Très en verve ,les Tricolores l'emportaient par 48 à 10 et l'agence " United Press"
câblait:
" Rapidité , adresse , vivacité dans les passes , semblent avoir positivement stupéfié la foule , peu habituée à un tel spectacle."
La France avait inscrit la bagatelle de 12 essais : par Savonne(3) F.Cantoni(3) Dop(2) Jimenez, Carrere,Moulis et Duplé chacun un .
Poursuivant sa marche victorieuse sur Sydney , le XIII de France écrasait
à Melbourne , l'état du Victoria , le samedi 21 mai , par 44 à 2 .Là encore, les Français se payèrent le luxe d'une douzaine d'essais : Ducasse , Larroudé, Moulis Duplé chacun une paire ; Jimenez , Contrastin ,Delaye et Save un par personne . Ainsi l'équipe de France faisait sa rentrée à Canberra , capitale fédérale de l'Australie , avec 123 points à son tableau de chasse . C'était pour le moins impressionnant . Trop peut-être, car l'équipe de Monaro Division , trouvant devant elle des joueurs fatigués par le voyage et trois matches joués en six jours , se crut autorisée à distribuer un peu de " pain béni" . Comme dans ce domaine ,également les Tricolores n'ont jamais été des ingrats , la bagarre éclata . La police dut intervenir pour calmer la foule . L'arbitre ne voulant pas entrer dans le détail , complexe, des responsabilités limitées , décida comme l'eût sans doute fait le roi des Salomons lui-même , d'exclure l'Australien Moon et le Français Moulis . Le match s'acheva dans un calme très relatif et , pour la première fois , les Tricolores s'inclinaient : 11 à 3 .
Ce n'était, hélas ! pas un accident . Le XIII de France s'était fait de trop douces illusions . Dans la facilité , il s'était laissé détériorer par un individualisme néfaste.
Devant la très forte sélection de Sydney , et dans la gadoue où les Tricolores ne sont jamais à l'aise , ce fut l'enterrement de première classe : 25 à 0 ! On avait du mal à le croire .
Fort heureusement René Duffort arrivait en renfort avec ses onze braves qui , avant de partir de France , avaient pris le temps d'aller rosser les Gallois (24.11) à Nantes . Ce deuxième commando comprenait Audoubert , Vanel , Jammes , Montrucolis , Guilhem , Voron , Rey ,Delpoux,Teisseire Merquey et Gilbert Benausse.....
Le mercredi 18 mai , à Adélaïde , les Tricolores firent de nouveau "cavalier seul" aux dépens de l'Australie du Sud . Très en verve ,les Tricolores l'emportaient par 48 à 10 et l'agence " United Press"
câblait:
" Rapidité , adresse , vivacité dans les passes , semblent avoir positivement stupéfié la foule , peu habituée à un tel spectacle."
La France avait inscrit la bagatelle de 12 essais : par Savonne(3) F.Cantoni(3) Dop(2) Jimenez, Carrere,Moulis et Duplé chacun un .
Poursuivant sa marche victorieuse sur Sydney , le XIII de France écrasait
à Melbourne , l'état du Victoria , le samedi 21 mai , par 44 à 2 .Là encore, les Français se payèrent le luxe d'une douzaine d'essais : Ducasse , Larroudé, Moulis Duplé chacun une paire ; Jimenez , Contrastin ,Delaye et Save un par personne . Ainsi l'équipe de France faisait sa rentrée à Canberra , capitale fédérale de l'Australie , avec 123 points à son tableau de chasse . C'était pour le moins impressionnant . Trop peut-être, car l'équipe de Monaro Division , trouvant devant elle des joueurs fatigués par le voyage et trois matches joués en six jours , se crut autorisée à distribuer un peu de " pain béni" . Comme dans ce domaine ,également les Tricolores n'ont jamais été des ingrats , la bagarre éclata . La police dut intervenir pour calmer la foule . L'arbitre ne voulant pas entrer dans le détail , complexe, des responsabilités limitées , décida comme l'eût sans doute fait le roi des Salomons lui-même , d'exclure l'Australien Moon et le Français Moulis . Le match s'acheva dans un calme très relatif et , pour la première fois , les Tricolores s'inclinaient : 11 à 3 .
Ce n'était, hélas ! pas un accident . Le XIII de France s'était fait de trop douces illusions . Dans la facilité , il s'était laissé détériorer par un individualisme néfaste.
Devant la très forte sélection de Sydney , et dans la gadoue où les Tricolores ne sont jamais à l'aise , ce fut l'enterrement de première classe : 25 à 0 ! On avait du mal à le croire .
Fort heureusement René Duffort arrivait en renfort avec ses onze braves qui , avant de partir de France , avaient pris le temps d'aller rosser les Gallois (24.11) à Nantes . Ce deuxième commando comprenait Audoubert , Vanel , Jammes , Montrucolis , Guilhem , Voron , Rey ,Delpoux,Teisseire Merquey et Gilbert Benausse.....
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CARLAW PARK
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...trois jours après à Narrandera , l'équipe de Rivérina , encouragée sans doute par l'exemple de Sydney , joua avec un tel esprit agressif que deux de ses joueurs , Alan Stanton et Jack Slavin , furent suspendus pour un an. Mais le XIII de France perdait Jammes , envoyé à l'hôpital et le match par 29 à 27 .
Le redressement amorcé à Narrandéra se poursuivit le samedi suivant , le 4 juin , à Sydney , face à la sélection de l'état de Nouvelle-Galles du Sud . Comme à son habitude , la France fit un match mémorable au Sydney Cricket Ground . Dès les premières minutes , les Tricolores perdaient Berthomieu ( main brisée) . Réduits à douze , ils construisaient néammoins un jeu de grande classe , rapide , alerte , varié , tant et si bien qu'après avoir été menés 22-18 à quatorze minutes de la fin , l'équipe de France tenait la Nouvelle-Galles du Sud en échec (24-24) alors qu'il ne restait que deux minutes à jouer. Ce fut le moment dramatique qui décida du sort du match.
Pressés sur leur but , les Français tentaient de se dégager pour sauvegarder cette demi-victoire . Il suffisait d'entendre les encouragements du public pour comprendre que le XIII de France , retrouvé , restait l'enfant chéri de Sydney.
Berthomieu , l'invalide , qui avait exigé de rester sur le terrain , reçut le ballon . Avec sa main brisée il ne pouvait pas le passer à un partenaire; alors oubliant la douleur , il fonça . Un rude gaillard ce "Hugues"!!Il gagnait un , dix , vingt mètres . Dejà le stade , bouleversé par son sacrifice , l'acclamait quand un avant australien , le grand pilier chauve Roy Bull, le percuta par le travers . En d'autres temps Berthomieu n'eût pas bronché sous le choc. Je me souviens d'une des ses confidences.C'était après la victoire de la France sur la Grande-Bretagne au Parc des Princes , cette même année : " j'ai eu du mal à respirer pendant le match , je dois être enrhumé!". Une semaine plus tard , le Docteur Bonpunt révélait que Berthomieu respirait mal car il avait deux côtes cassées! Mais ce jour-là à Sydney , sous le terrible choc de Bull , il perdit la balle . Le demi d'ouverture international Darcy Henry ramassa le trésor et alla marquer sous les poteaux. Cruellement , injustement , le XIII de France était battu 29 à 24 ...........
Le redressement amorcé à Narrandéra se poursuivit le samedi suivant , le 4 juin , à Sydney , face à la sélection de l'état de Nouvelle-Galles du Sud . Comme à son habitude , la France fit un match mémorable au Sydney Cricket Ground . Dès les premières minutes , les Tricolores perdaient Berthomieu ( main brisée) . Réduits à douze , ils construisaient néammoins un jeu de grande classe , rapide , alerte , varié , tant et si bien qu'après avoir été menés 22-18 à quatorze minutes de la fin , l'équipe de France tenait la Nouvelle-Galles du Sud en échec (24-24) alors qu'il ne restait que deux minutes à jouer. Ce fut le moment dramatique qui décida du sort du match.
Pressés sur leur but , les Français tentaient de se dégager pour sauvegarder cette demi-victoire . Il suffisait d'entendre les encouragements du public pour comprendre que le XIII de France , retrouvé , restait l'enfant chéri de Sydney.
Berthomieu , l'invalide , qui avait exigé de rester sur le terrain , reçut le ballon . Avec sa main brisée il ne pouvait pas le passer à un partenaire; alors oubliant la douleur , il fonça . Un rude gaillard ce "Hugues"!!Il gagnait un , dix , vingt mètres . Dejà le stade , bouleversé par son sacrifice , l'acclamait quand un avant australien , le grand pilier chauve Roy Bull, le percuta par le travers . En d'autres temps Berthomieu n'eût pas bronché sous le choc. Je me souviens d'une des ses confidences.C'était après la victoire de la France sur la Grande-Bretagne au Parc des Princes , cette même année : " j'ai eu du mal à respirer pendant le match , je dois être enrhumé!". Une semaine plus tard , le Docteur Bonpunt révélait que Berthomieu respirait mal car il avait deux côtes cassées! Mais ce jour-là à Sydney , sous le terrible choc de Bull , il perdit la balle . Le demi d'ouverture international Darcy Henry ramassa le trésor et alla marquer sous les poteaux. Cruellement , injustement , le XIII de France était battu 29 à 24 ...........
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CARLAW PARK
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Après la déception des Tricolores devant Sydeney ,cette mince- et combien injuste- défaite subie devant la sélection de Nouvelle-Galles du Sud , comblait d'aise le public australien , heureux d'avoir retrouvé les " impredictibles Frenchmen". La match avait été vivant , avec cette chaleur humaine , cette communion parfaite du public et des acteurs où le joueur , par la grâce du rugby , oublie sa simple condition d'homme et rejoint pour une heure Lancelot du Lac et le chevalier Perceval.
Le " Sun Herald" titrait: " CHAMPAGNE AGAIN "
Mais l'équipe de France était soucieuse . Elle sentait parfaitement ses imperfections et redoutait ses faiblesses. La blessure de Berthomieu n'était pas faite pour arranger les choses.
Brave Berthomieu qui avait retrouvé une deuxième jeunesse en partant l'année précédente , chasser le crocodile au Tchad pendant six mois! Sa vaillance légendaire , sa renommée de vieil international donnaient confiance aux jeunes tricolores et rendaient méfiants les vieux "Kangourous". Il aurait été bien utile précisément , notre "Hugues" national , à Wollongong pour tenter de mettre fin à cette noire série de quatre défaites.
Wollongong , à lui seul , justifierait l'appelation de Nouvelle-Galles du Sud, donnée au plus puissant des Etats d'Australie.
Cet important centre charbonnier et métallurgique dresse ses cheminées à moins de 100 kilomètres au sud de Sydney . C'est un peu le Swansea du Pacifique et, comme les mineurs de Nouvelle-Galles du Sud n'ont aucune raison d'avoir la tête moins solide que leurs confrères gaéliques, un match à Wollongong n'est jamais une partie de plaisir. Celui-ci n'échappa point à la règle.
Le puissant paquet d'avants de la sélection méridionale de Nouvelle-Galles du Sud fit la loi. Dominés dans les corps à corps , les Tricolores eurent beau essayer d'aérer le jeu , ce fut en vain. Les attaquants français , malgré leurs talent et leur volonté , furent étouffés . Un essai de Voron , trois buts de Duplé , c'était insuffisant . Les Australiens qui menaient déjà 12 à 4 à la mi-temps , l'emportaient par 16 à 9 .
A six jours du premier test , ce n'était guère encourageant.
Le mal était profond . Les attaquants étaient certes de qualité , les avants avaient à la fois la puissance , la vitesse et la technique désirables , mais l'ensemble du XIII de France , sans doute trop vite rajeuni , manquait de la cohésion , de la technique collective indispensables pour mater la force impétueuse des colosses australiens.
Après avoir longuement réfléchi , Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort décidaient de placer , Berthomieu , malgré sa main blessée ,en première ligne. C'est "Hugues" lui-même qui , la veille du match, était allé voir Duhau.
- Je sais , Jean , que tu veux me faire reposer. Mais , crois moi , il faut un vieux comme moi dans ce paquet d'avants . Si je ne suis pas là pour les conseiller , les encourager , ils vont de désunir. Avec un bon bandage et une piqûre de novocaïne , je peux jouer.......
Le " Sun Herald" titrait: " CHAMPAGNE AGAIN "
Mais l'équipe de France était soucieuse . Elle sentait parfaitement ses imperfections et redoutait ses faiblesses. La blessure de Berthomieu n'était pas faite pour arranger les choses.
Brave Berthomieu qui avait retrouvé une deuxième jeunesse en partant l'année précédente , chasser le crocodile au Tchad pendant six mois! Sa vaillance légendaire , sa renommée de vieil international donnaient confiance aux jeunes tricolores et rendaient méfiants les vieux "Kangourous". Il aurait été bien utile précisément , notre "Hugues" national , à Wollongong pour tenter de mettre fin à cette noire série de quatre défaites.
Wollongong , à lui seul , justifierait l'appelation de Nouvelle-Galles du Sud, donnée au plus puissant des Etats d'Australie.
Cet important centre charbonnier et métallurgique dresse ses cheminées à moins de 100 kilomètres au sud de Sydney . C'est un peu le Swansea du Pacifique et, comme les mineurs de Nouvelle-Galles du Sud n'ont aucune raison d'avoir la tête moins solide que leurs confrères gaéliques, un match à Wollongong n'est jamais une partie de plaisir. Celui-ci n'échappa point à la règle.
Le puissant paquet d'avants de la sélection méridionale de Nouvelle-Galles du Sud fit la loi. Dominés dans les corps à corps , les Tricolores eurent beau essayer d'aérer le jeu , ce fut en vain. Les attaquants français , malgré leurs talent et leur volonté , furent étouffés . Un essai de Voron , trois buts de Duplé , c'était insuffisant . Les Australiens qui menaient déjà 12 à 4 à la mi-temps , l'emportaient par 16 à 9 .
A six jours du premier test , ce n'était guère encourageant.
Le mal était profond . Les attaquants étaient certes de qualité , les avants avaient à la fois la puissance , la vitesse et la technique désirables , mais l'ensemble du XIII de France , sans doute trop vite rajeuni , manquait de la cohésion , de la technique collective indispensables pour mater la force impétueuse des colosses australiens.
Après avoir longuement réfléchi , Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort décidaient de placer , Berthomieu , malgré sa main blessée ,en première ligne. C'est "Hugues" lui-même qui , la veille du match, était allé voir Duhau.
- Je sais , Jean , que tu veux me faire reposer. Mais , crois moi , il faut un vieux comme moi dans ce paquet d'avants . Si je ne suis pas là pour les conseiller , les encourager , ils vont de désunir. Avec un bon bandage et une piqûre de novocaïne , je peux jouer.......
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.....Berthomieu joua donc et fut même excellent..
Mais , sur le terrain boueux du Sydney Cricket Ground , la foule record de 98.000 personnes ( il y avait , on ne sait trop comment , 700 spectateurs de plus qu'un 1951) assista au succés du jeu solide , direct , sans romantisme et sans faiblesse , des "Kangourous".
L'Equipe de France avait été constitué ainsi :
arrière : Benausse; trois-quarts:Ducasse, Merquey,cap, Rey , Voron;
demi d'ouverture Jimenez , mêlée Dop Troisième ligne : Duplé ; deuxième ligne : Pambrun , Delaye ; première ligne: Vanel, Moulis ,Berthomieu.
L'Australie de son côté , présentait Churchill capitaine , Flannery ,Wells, Watson ,Kite ouverture Henry , mêlée:Holman. Diversi , Davies , Holloway, Bull , Kearney, Hall.
Dans le camp français , seuls Merquey et Dop et Delaye avaient participé à la tournée de 1951 aux antipodes . L'Australie , en revanche, alignait huit joueurs ayant affronté la France en 1951 ou venus en Europe pendant la saison de 1951-52 à savoir : l'arrière Churchill , l'aile Flannery -Wells , le demi de mêlée Holman et quatre avants , parmi les plus solides que l'Australie ait possédés ; la première ligne de fer : Hall , kearney , Bull et le fameux deuxième ligne Brian Davies.
Toutes les craintes françaises furent confirmées . Sur le terrain lourd , le pack tricolore était lentement mais impitoyablement démantelé et, une fois de plus , les attaquants de France devaient se dresser en dernier rempart.
Le match fut donc sans histoire . Rois du terrain en avant , les Australiens étaient invulnérables . Il fallait beaucoup de courage aux Tricolores , pour n'être menés à la mi-temps que 5 à 0 . un essai de Kite transformé par Davies . Ils provoquaient même une courte sensation , dix minutes après la reprise en revenant à 7-5 , un essai de Ducasse transformé par Duplé ayant succédé à un but de Holman. Mais la menace française était rapidement écartée. Tandis que Benausse devait quitter le terrain pour se faire soigner sur la touche , les "Kangourous" marquaient trois essais en dix minutes , un par l'énorme centre Wells et deux par le demi de mêlée , le vif-argent Keith Holman . Brian Davies ayant transformé les deux essais de Holman , l'Australie menait 20 à 5.
Dans le dernier quart d'heure , le XIII de France trouvait enfin sa cohésion. Il dominait à son tour très nettement , mais , seul le brave Berthomieu pouvait marquer..La France s'inclinait donc par 20 à 8 .
Le lendemain , la petite troupe française s'envolait pour le Queensland , sa bête noire , avec six défaites consécutives .
Un certain découragement commençait à se lire sur le visage des Tricolores.........
Mais , sur le terrain boueux du Sydney Cricket Ground , la foule record de 98.000 personnes ( il y avait , on ne sait trop comment , 700 spectateurs de plus qu'un 1951) assista au succés du jeu solide , direct , sans romantisme et sans faiblesse , des "Kangourous".
L'Equipe de France avait été constitué ainsi :
arrière : Benausse; trois-quarts:Ducasse, Merquey,cap, Rey , Voron;
demi d'ouverture Jimenez , mêlée Dop Troisième ligne : Duplé ; deuxième ligne : Pambrun , Delaye ; première ligne: Vanel, Moulis ,Berthomieu.
L'Australie de son côté , présentait Churchill capitaine , Flannery ,Wells, Watson ,Kite ouverture Henry , mêlée:Holman. Diversi , Davies , Holloway, Bull , Kearney, Hall.
Dans le camp français , seuls Merquey et Dop et Delaye avaient participé à la tournée de 1951 aux antipodes . L'Australie , en revanche, alignait huit joueurs ayant affronté la France en 1951 ou venus en Europe pendant la saison de 1951-52 à savoir : l'arrière Churchill , l'aile Flannery -Wells , le demi de mêlée Holman et quatre avants , parmi les plus solides que l'Australie ait possédés ; la première ligne de fer : Hall , kearney , Bull et le fameux deuxième ligne Brian Davies.
Toutes les craintes françaises furent confirmées . Sur le terrain lourd , le pack tricolore était lentement mais impitoyablement démantelé et, une fois de plus , les attaquants de France devaient se dresser en dernier rempart.
Le match fut donc sans histoire . Rois du terrain en avant , les Australiens étaient invulnérables . Il fallait beaucoup de courage aux Tricolores , pour n'être menés à la mi-temps que 5 à 0 . un essai de Kite transformé par Davies . Ils provoquaient même une courte sensation , dix minutes après la reprise en revenant à 7-5 , un essai de Ducasse transformé par Duplé ayant succédé à un but de Holman. Mais la menace française était rapidement écartée. Tandis que Benausse devait quitter le terrain pour se faire soigner sur la touche , les "Kangourous" marquaient trois essais en dix minutes , un par l'énorme centre Wells et deux par le demi de mêlée , le vif-argent Keith Holman . Brian Davies ayant transformé les deux essais de Holman , l'Australie menait 20 à 5.
Dans le dernier quart d'heure , le XIII de France trouvait enfin sa cohésion. Il dominait à son tour très nettement , mais , seul le brave Berthomieu pouvait marquer..La France s'inclinait donc par 20 à 8 .
Le lendemain , la petite troupe française s'envolait pour le Queensland , sa bête noire , avec six défaites consécutives .
Un certain découragement commençait à se lire sur le visage des Tricolores.........
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CARLAW PARK
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LA LOI MARTIALE
Antoine Blain , Jean Duhau , et René Duffort étaient plus inquiets encore que les joueurs en partant pour ce terrible Queensland , terrain maudit de la tournée de 1951 .
Dès leur arrivée à Brisbane , les Tricolores se mesuraient en nocturne , à la sélection de Brisbane où l'on retrouvait les internationaux Hall , Davies , et Watson . La France qui avait perdu Voron et Berthomieu dans le premier test ainsi que Delaye hospitalisé à Sydney , avec une fracture de la colonne vertébrale récupérait Constrastin. Cette rentrée fut déterminante . Déchaîné , " Tintin" marqua deux essais et , entraînés par son exemple , les Tricolores livraient un match dans le plus pur style des " Flying Frenchmen" . Fernand Cantoni , Delpoux , Save marquaient à leur tour et les Français quittaient l'Exhibition Ground , vainqueurs (21-11) et acclamés.
Le vestiaire des Tricolores avait enfin retrouvé ses chants , ses rires et ses plaisanteries ; La preuve était faite que l'équipe de France pouvait réaliser de grandes performances si elle gardait cohésion , son enthousiasme . Maintenant , il ne fallait pas disperser ses efforts. Le prochain objectif sérieux c'était , cinq jours plus tard , le samedi 18 juin , le match contre le QUEENSLAND , à Brisbane . Pour mieux préparer ce match capital , le triumvirat décida de sacrifier le difficile voyage à Toowomba prévu le mercredi 15 juin.
Tandis que la meilleure équipe possible était préparée à Brisbane , pour le choc contre le Queensland , les réserves avec un Constrastin qui n'avait besoin que d'un peu de compétition , allaient subir un terrible 35 à6 .La presse australienne parlait de Waterloo . Mais dans le camp tricolore on s'inquiétait davantage des blessures de Contrastin , victime d'une nouvelle élongation à la cuisse , et de Guilhem , touché au genou dans la boue de Toowomba , que de l'énormité du score.
Toute la volonté de l'équipe de France était tendue pour réussir une grande performance devant le QUEENSLAND afin de provoquer le choc psychologique indispensable .
Bill Corbett , habitué à suivre toutes les tournées internationales , écrivait dans le " Brisbane Telegraph" :
" l'Equipe de France connaît actuellement un régime draconien . Jamais une équipe en tournée n'a obéi à une discipline aussi rigide ".
Antoine Blain n'avait pas digéré encore les six défaites subies consécutivement dans la Nouvelle-Galles du Sud .
Le "Turc" , sachant fort bien que ce match contre le QUEENSLAND pouvait être un tournant décisif dans la tournée , avait décrété la loi martiale.....
Antoine Blain , Jean Duhau , et René Duffort étaient plus inquiets encore que les joueurs en partant pour ce terrible Queensland , terrain maudit de la tournée de 1951 .
Dès leur arrivée à Brisbane , les Tricolores se mesuraient en nocturne , à la sélection de Brisbane où l'on retrouvait les internationaux Hall , Davies , et Watson . La France qui avait perdu Voron et Berthomieu dans le premier test ainsi que Delaye hospitalisé à Sydney , avec une fracture de la colonne vertébrale récupérait Constrastin. Cette rentrée fut déterminante . Déchaîné , " Tintin" marqua deux essais et , entraînés par son exemple , les Tricolores livraient un match dans le plus pur style des " Flying Frenchmen" . Fernand Cantoni , Delpoux , Save marquaient à leur tour et les Français quittaient l'Exhibition Ground , vainqueurs (21-11) et acclamés.
Le vestiaire des Tricolores avait enfin retrouvé ses chants , ses rires et ses plaisanteries ; La preuve était faite que l'équipe de France pouvait réaliser de grandes performances si elle gardait cohésion , son enthousiasme . Maintenant , il ne fallait pas disperser ses efforts. Le prochain objectif sérieux c'était , cinq jours plus tard , le samedi 18 juin , le match contre le QUEENSLAND , à Brisbane . Pour mieux préparer ce match capital , le triumvirat décida de sacrifier le difficile voyage à Toowomba prévu le mercredi 15 juin.
Tandis que la meilleure équipe possible était préparée à Brisbane , pour le choc contre le Queensland , les réserves avec un Constrastin qui n'avait besoin que d'un peu de compétition , allaient subir un terrible 35 à6 .La presse australienne parlait de Waterloo . Mais dans le camp tricolore on s'inquiétait davantage des blessures de Contrastin , victime d'une nouvelle élongation à la cuisse , et de Guilhem , touché au genou dans la boue de Toowomba , que de l'énormité du score.
Toute la volonté de l'équipe de France était tendue pour réussir une grande performance devant le QUEENSLAND afin de provoquer le choc psychologique indispensable .
Bill Corbett , habitué à suivre toutes les tournées internationales , écrivait dans le " Brisbane Telegraph" :
" l'Equipe de France connaît actuellement un régime draconien . Jamais une équipe en tournée n'a obéi à une discipline aussi rigide ".
Antoine Blain n'avait pas digéré encore les six défaites subies consécutivement dans la Nouvelle-Galles du Sud .
Le "Turc" , sachant fort bien que ce match contre le QUEENSLAND pouvait être un tournant décisif dans la tournée , avait décrété la loi martiale.....
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CARLAW PARK
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Tous les valides étaient sur le pied de guerre , du matin au soir . Entraînement , promenades de détente le long de la Brisbane River , conférences techniques et couvre-feu à 20 heures . Et , pour que les blessés eux-mêmes puissent participer activement à cette mobilisation générale , ils allaient , boiteux et éclopés , claudicant derrière Antoine Blain , aux mille et une réceptions offertes aux Tricolores . Qui pourra dire combien Berthomieu , Voron , Contrastin , Guilhem et Teisseire , ont vidé de chopes de bière et écouté de discours?
Enfin le samedi 18 Juin , dans les vestiaires de Gabba Park , on avait la conviction que la France allait enfin affirmer ses possibilités. Le terrain était pourtant très lourd , mais on sentait chez les avants français une détermination à toute épreuve . Et puis , la première ligne était sans doute la meilleure que le XIII de France ait pu aligner dans cette tournée avec Vanel , Audoubert , Montrucolis , trois avants rudes sachant faire bloc et formés à l'école Lyonnaise , la meilleure du moment dans l'organisation du pack.
Pourtant le Queensland , une fois encore prenait un remarquable départ. Ne laissant pas aux Tricolores le temps de mettre leur tactique au point , les Queenslanders , jetant d'entrée toute leur fureur , marquaient presque aussitôt . Sur une mauvaise sortie de mêlée , près des buts , le deuxième ligne Drew plongeait qur la balle et marquait . La transformation de l'arrière Pope permettait au Queensland de mener 5 à 0 . Sous le coup , la défense française était un peu désemparée . Une longue échappée de 50 mètres du puissant ailier Kangourou Ryan était stoppé par Dop , ultime défenseur . Les Queenslanders crachaient le feu et ne laissaient pas le temps à la défense tricolore de souffler , de se regrouper . Sur un tenu , le deuxième ligne Furner s'échappait et lançait le centre Laird à l'essai. Pope réussissait la transformation et le Queensland menant 10 à 0 après un quart d'heure de jeu , semblait irrésistible.........
Enfin le samedi 18 Juin , dans les vestiaires de Gabba Park , on avait la conviction que la France allait enfin affirmer ses possibilités. Le terrain était pourtant très lourd , mais on sentait chez les avants français une détermination à toute épreuve . Et puis , la première ligne était sans doute la meilleure que le XIII de France ait pu aligner dans cette tournée avec Vanel , Audoubert , Montrucolis , trois avants rudes sachant faire bloc et formés à l'école Lyonnaise , la meilleure du moment dans l'organisation du pack.
Pourtant le Queensland , une fois encore prenait un remarquable départ. Ne laissant pas aux Tricolores le temps de mettre leur tactique au point , les Queenslanders , jetant d'entrée toute leur fureur , marquaient presque aussitôt . Sur une mauvaise sortie de mêlée , près des buts , le deuxième ligne Drew plongeait qur la balle et marquait . La transformation de l'arrière Pope permettait au Queensland de mener 5 à 0 . Sous le coup , la défense française était un peu désemparée . Une longue échappée de 50 mètres du puissant ailier Kangourou Ryan était stoppé par Dop , ultime défenseur . Les Queenslanders crachaient le feu et ne laissaient pas le temps à la défense tricolore de souffler , de se regrouper . Sur un tenu , le deuxième ligne Furner s'échappait et lançait le centre Laird à l'essai. Pope réussissait la transformation et le Queensland menant 10 à 0 après un quart d'heure de jeu , semblait irrésistible.........
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CARLAW PARK
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....aprés ce deuxième essai , les Queenslanders éprouvèrent tout de même le besoin de souffler un peu . Ce fut suffisant pour que les avants de France , aiguillonnés par Montrucolis , se ressaisissent. On vit rapidement que quelque chose était changé dans la mêlée française.Les avants tricolores , sobres , méthodiques , entamaient une gigantesque bataille. Les Queenslanders ne cédaient le terrain que pouce après pouce , mais ils cédaient . Lancé derrière un tenu , aux 50 mètres , Montrucolis d'un raffut à décoller la tête à tout homme normal, repoussait la placage , d'un , deux , trois adversaires et s'arrachait à la meute . Aux 22 mètres , il voyait à sa gauche la silhouette mince et racée de Roger Rey qui, de sa longue foulée dévorante , allait marquer près des poteaux. Gilbert Benausse réussissait la transformation et la France revenait à 5-10.
Cette fois , c'était bel et bien le réveil tricolore . Les Queenslanders maintenant n'avaient pas un instant de répit . Les avants de Montrucolis muselaient leurs redoutables adversaires comme ils ne l'avaient jamais fait depuis le début de la tournée et, derrière , le trio offensif Benausse , Rey , Merquey , s'imposait dans toute sa splendeur.
Sur une attaque des trois-quarts du Queensland , Rey , dans une détente de ressort , percutait Laird , son vis-à-vis , qui lâchait le ballon.
Merquey , que ce genre de choses n'a jamais laissé indifférent , cueillait la balle en plein élan , au nez et à la barbe de Watson et , trois secondes plus tard , il plantait l'essai sous les poteaux . La transformation , réussie sans peine par Gilbert Benausse , permettait à la France de rejoindre le Queensland : 10 à 10 .
La bataille d'avants faisait rage et il n'était pas douteux que le pack qui fléchirait le premier provoquerait la perte de l'ensemble. En attendant cette minute de vérité , une faute de main de Dop allait coûter cher au XIII de France . Sur une balle perdue dans la boue , le demi de mêlée Connell donnait un grand coup de pied. A la réception , Dop perdait le contrôle du ballon qui roulait encore sur le terrain gras . Connell arrivait encore le premier , tapait à nouveau et marquait entre les poteaux.
Une nouvelle transformation de Pope et le Queensland , après une demi-heure de jeu , reprenait la tête : 15 à 10 ....
Cette fois , c'était bel et bien le réveil tricolore . Les Queenslanders maintenant n'avaient pas un instant de répit . Les avants de Montrucolis muselaient leurs redoutables adversaires comme ils ne l'avaient jamais fait depuis le début de la tournée et, derrière , le trio offensif Benausse , Rey , Merquey , s'imposait dans toute sa splendeur.
Sur une attaque des trois-quarts du Queensland , Rey , dans une détente de ressort , percutait Laird , son vis-à-vis , qui lâchait le ballon.
Merquey , que ce genre de choses n'a jamais laissé indifférent , cueillait la balle en plein élan , au nez et à la barbe de Watson et , trois secondes plus tard , il plantait l'essai sous les poteaux . La transformation , réussie sans peine par Gilbert Benausse , permettait à la France de rejoindre le Queensland : 10 à 10 .
La bataille d'avants faisait rage et il n'était pas douteux que le pack qui fléchirait le premier provoquerait la perte de l'ensemble. En attendant cette minute de vérité , une faute de main de Dop allait coûter cher au XIII de France . Sur une balle perdue dans la boue , le demi de mêlée Connell donnait un grand coup de pied. A la réception , Dop perdait le contrôle du ballon qui roulait encore sur le terrain gras . Connell arrivait encore le premier , tapait à nouveau et marquait entre les poteaux.
Une nouvelle transformation de Pope et le Queensland , après une demi-heure de jeu , reprenait la tête : 15 à 10 ....
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CARLAW PARK
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Mouillés , crottés , mais pas le moins du monde abattus, les Tricolores repartaient au combat sans discuter et sans mollir.
- Come on , Queensland! hurlait la foule pour encourager les siens .mais c'était les avants de France qui refoulaient les Queenslanders . Sur une attaque amorcée par Duplé et poursuivie par Dop , l'incomparable Gilbert Benausse s'engouffrait dans une faille de la défense . Coincé , il tapait à suivre , de sa foulée courte et nerveuse , il décramponnait tout le monde cueillait la balle au bond et plongeait dans l'en-but , enseveli aussitôt par une demi douzaine d'adversaires . Duplé manqua la transformation , mais la France revenue à 13-15 à cinq minutes de la mi-temps , faisait feu des quatres fers. Sur toute sa largeur du terrain , les offensives françaises se succédaient en vagues . Enfin , Cantoni provoquait la brèche , recentrait sur Merquey . La balle allait encore de Merquey à Cantoni et de Cantoni à Merquey qui vrillaient la défense avec un culot monstre . Merquey renversait l'attaque sur Rey qui lobait l'arrière Pope d'un petit coup de pied , avant de plonger victorieux sous les poteaux. Gilbert Benausse ajouta les deux points de la transformation et les Français regagnèrent le vestiaire avec 3 points d'avance (18-15)
Cette fois le XIII de France tenait le grand succès qui lui manquait depuis le début de la tournée et il n'était pas décidé à le laisser échapper. Pourtant il dut encore livrer un combat épuisant qui le laissa sans force et la foule sans voix. Peu après la reprise , l'arrière Pope obtenait un but de pénalité et le Queensland n'avait qu'un tout petit point de retard (17-18)
Un essai , un but ou un drop suffisait pour renverser la situation.
Les avants du Queensland secouèrent la tête , grattèrent le sol et foncèrent. Alors les avants de France se transformèrent en machines à plaquer . Au lieu de prendre de face les farouches gladiateurs du Queensland , ils firent une défense en tenaille. Derrière le tenu , les énormes avants du Queensland se lançaient aveugles , droit devant eux, en gardant leur balle jalousement serrée sous le bras. Leur tactique était simple : laisser la balle le moins possible à ces diables de Français et répéter leurs coups de bélier jusqu'au moment où la défense tricolore finirait par craquer. C'était tellement évident que le public se passionna pour ces charges d'aurochs qui devaient ouvrir le chemin des buts français.
- Come on , Queensland ! Come on , Queensland! hurlait la foule , et les Queenslanders multipliaient les assauts .
Sur le bord de la touche , René Duffort et Jean Duhau consultaient anxieusement leur montre.
- Cela fait un quart d'heure qu'ils n'ont pas perdu la balle et ils ne sortent pas de nos 22 mètres , disait Duffort.
Les Queenslanders ne perdaient pas la balle , mais les Français gardaient la tête froide et les jambes solides. Pour stopper les assauts frénétiques , ils avaient préféré tendre un filet que de dresser un mur . Prendre les avants du Queensland " bille en tête" , c'eût été courir au suicide. Le plan français était plus astucieux. Vanel , Audoubert et Montrucolis avaient décidé d'employer la méthode lyonnaise qui était un peu semblable à celle dont Scipion l'Africain usa pour combattre les fameux éléphants d'Annibal à la bataille de Zama . Ne pouvant stopper leurs féroces adversaires de face sans risquer de se rompre le coup , les avants français , voyant qu'ils partaient individuellement avec l'intention ancrée de ne pas passer le ballon, les laissaient volontairement s'infiltrer pour mieux les prendre en tenaille. Ainsi , deux avants français prenaient "en charge" le Queenslander isolé . Venant de travers , de chaque côté , l'un lui coinçait les jambes et l'autre le renversait en le prenant aux épaules. Ce régime dura vingt minutes . Après quoi le "blitz" toucha à sa fin.
Ecoeurés par ce traitement , les solides Queenslanders voulurent changer de tactique . Ils ouvrirent donc. Mal leur en prit . La balle , enfin , se mit à circuler et c'est au moment où l'arrière Pope relançait une attaque que Merquey surgit pour lui souffler une passe au centre Laird .
L'interception a toujours été l'arme favorite de Jackie Merquey . D'un coup de rein , il eut vite fait de laisser sur place Laird et Pope et de déposer la ballon sous les poteaux. Benausse transformait et la France menait 23 à 17 . Le Queensland épuisé s'avoua alors vaincu , laissant la suprématie aux Tricolores pendant le dernier quart d'heure.
"LA FRANCE A PERCE GRACE A SON EBLOUISSANT MERQUEY" titrait le " Brisbane Telegraph" . En fait , sans vouloir ternir l'éclat de la performance de Merquey , il faut bien dire que ce succès capital fut moins l'oeuvre d'un exploit individuel que la patiente construction de tous les membres de la tournée.
Sans doute eut-il pu changer la face de cette deuxième croisade australienne? ........
- Come on , Queensland! hurlait la foule pour encourager les siens .mais c'était les avants de France qui refoulaient les Queenslanders . Sur une attaque amorcée par Duplé et poursuivie par Dop , l'incomparable Gilbert Benausse s'engouffrait dans une faille de la défense . Coincé , il tapait à suivre , de sa foulée courte et nerveuse , il décramponnait tout le monde cueillait la balle au bond et plongeait dans l'en-but , enseveli aussitôt par une demi douzaine d'adversaires . Duplé manqua la transformation , mais la France revenue à 13-15 à cinq minutes de la mi-temps , faisait feu des quatres fers. Sur toute sa largeur du terrain , les offensives françaises se succédaient en vagues . Enfin , Cantoni provoquait la brèche , recentrait sur Merquey . La balle allait encore de Merquey à Cantoni et de Cantoni à Merquey qui vrillaient la défense avec un culot monstre . Merquey renversait l'attaque sur Rey qui lobait l'arrière Pope d'un petit coup de pied , avant de plonger victorieux sous les poteaux. Gilbert Benausse ajouta les deux points de la transformation et les Français regagnèrent le vestiaire avec 3 points d'avance (18-15)
Cette fois le XIII de France tenait le grand succès qui lui manquait depuis le début de la tournée et il n'était pas décidé à le laisser échapper. Pourtant il dut encore livrer un combat épuisant qui le laissa sans force et la foule sans voix. Peu après la reprise , l'arrière Pope obtenait un but de pénalité et le Queensland n'avait qu'un tout petit point de retard (17-18)
Un essai , un but ou un drop suffisait pour renverser la situation.
Les avants du Queensland secouèrent la tête , grattèrent le sol et foncèrent. Alors les avants de France se transformèrent en machines à plaquer . Au lieu de prendre de face les farouches gladiateurs du Queensland , ils firent une défense en tenaille. Derrière le tenu , les énormes avants du Queensland se lançaient aveugles , droit devant eux, en gardant leur balle jalousement serrée sous le bras. Leur tactique était simple : laisser la balle le moins possible à ces diables de Français et répéter leurs coups de bélier jusqu'au moment où la défense tricolore finirait par craquer. C'était tellement évident que le public se passionna pour ces charges d'aurochs qui devaient ouvrir le chemin des buts français.
- Come on , Queensland ! Come on , Queensland! hurlait la foule , et les Queenslanders multipliaient les assauts .
Sur le bord de la touche , René Duffort et Jean Duhau consultaient anxieusement leur montre.
- Cela fait un quart d'heure qu'ils n'ont pas perdu la balle et ils ne sortent pas de nos 22 mètres , disait Duffort.
Les Queenslanders ne perdaient pas la balle , mais les Français gardaient la tête froide et les jambes solides. Pour stopper les assauts frénétiques , ils avaient préféré tendre un filet que de dresser un mur . Prendre les avants du Queensland " bille en tête" , c'eût été courir au suicide. Le plan français était plus astucieux. Vanel , Audoubert et Montrucolis avaient décidé d'employer la méthode lyonnaise qui était un peu semblable à celle dont Scipion l'Africain usa pour combattre les fameux éléphants d'Annibal à la bataille de Zama . Ne pouvant stopper leurs féroces adversaires de face sans risquer de se rompre le coup , les avants français , voyant qu'ils partaient individuellement avec l'intention ancrée de ne pas passer le ballon, les laissaient volontairement s'infiltrer pour mieux les prendre en tenaille. Ainsi , deux avants français prenaient "en charge" le Queenslander isolé . Venant de travers , de chaque côté , l'un lui coinçait les jambes et l'autre le renversait en le prenant aux épaules. Ce régime dura vingt minutes . Après quoi le "blitz" toucha à sa fin.
Ecoeurés par ce traitement , les solides Queenslanders voulurent changer de tactique . Ils ouvrirent donc. Mal leur en prit . La balle , enfin , se mit à circuler et c'est au moment où l'arrière Pope relançait une attaque que Merquey surgit pour lui souffler une passe au centre Laird .
L'interception a toujours été l'arme favorite de Jackie Merquey . D'un coup de rein , il eut vite fait de laisser sur place Laird et Pope et de déposer la ballon sous les poteaux. Benausse transformait et la France menait 23 à 17 . Le Queensland épuisé s'avoua alors vaincu , laissant la suprématie aux Tricolores pendant le dernier quart d'heure.
"LA FRANCE A PERCE GRACE A SON EBLOUISSANT MERQUEY" titrait le " Brisbane Telegraph" . En fait , sans vouloir ternir l'éclat de la performance de Merquey , il faut bien dire que ce succès capital fut moins l'oeuvre d'un exploit individuel que la patiente construction de tous les membres de la tournée.
Sans doute eut-il pu changer la face de cette deuxième croisade australienne? ........
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CARLAW PARK
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...le choc psychologique était cette fois créé. Le XIII de France , libéré du complexe de l'invincibilité des " Kangourous" qui s'était insinué dans ses rangs , retrouva son visage triomphant des heures glorieuses de 1951.
Le lendemain de sa victoire sur le Queensland, l'équipe de France écrasait le Queensland central à Rockhampton , par 40 à 24 . Puis elle s'envolait pour Barcaldine à l'intérieur du continent . Le voyage aérien fut épouvantable et l'avion déposa à Barcaldine des Tricolores livides aux jambes molles.
- Messieurs , dit Jean Duhau , aussi malade que les joueurs qu'il accompagnait, l'avion a du retard , le match est dans une demi-heure , alors je vous propose un petit gueuleton dans les vestiaires. J'ai tout emporté dans le sac aux équipements.
- Bravo Jean ! s'écria Voron , un des rares qui pouvait encore parler. Tu es un père pour nous.
Duhau défit les maillots méticuleusement.
- Et le casse-croûte ? où est-il ? questionna Voron.
- Le voici.
Et Duhau sortit une orange pour chacun , comme s'il se fut agi d'une palombe rôtie et ajouta pince sans rire:
-Remarquez , vous pouvez en laisser un peu pour la mi-temps , ne vous chargez pas trop l'estomac.!
Tête des Tricolores qui , le mal de l'air passé , étaient victimes de sérieuses crampes d'estomac , tant il est vrai qu'un joueur de rugby n'a rien de commun avec un végétarien.
- Messieurs , je vous faire une petite confidence . En 1924 , lorsque j'ai été battu , en finale du championnat militaire , par un boxeur qui a fait une grande carrière , mais dont j'ai oublié le nom , j'ai été victime de la suralimentation. Pour emmagasiner des forces , je dévorais poulets , jambons ,et rôtis . Eh bien , j'ai terminé le match couché , pour plus que le compte , j'avais été mis K.O par un petit gringalet maigre comme un "stoquefiche" . Cela dit , bon appétit et en piste.
Le championnat militaire de Jean Duhau avait mis toute l'équipe de bonne humeur et c'est le coeur léger autant que l'estomac , que les Tricolores entrèrent sur le terrain. L'affaire fut rondement menée et la Sélection Occidentale du Queensland s'inclina 29 à 14 . Les Tricolores affamés, avaient inscrits sept essais !......
Le lendemain de sa victoire sur le Queensland, l'équipe de France écrasait le Queensland central à Rockhampton , par 40 à 24 . Puis elle s'envolait pour Barcaldine à l'intérieur du continent . Le voyage aérien fut épouvantable et l'avion déposa à Barcaldine des Tricolores livides aux jambes molles.
- Messieurs , dit Jean Duhau , aussi malade que les joueurs qu'il accompagnait, l'avion a du retard , le match est dans une demi-heure , alors je vous propose un petit gueuleton dans les vestiaires. J'ai tout emporté dans le sac aux équipements.
- Bravo Jean ! s'écria Voron , un des rares qui pouvait encore parler. Tu es un père pour nous.
Duhau défit les maillots méticuleusement.
- Et le casse-croûte ? où est-il ? questionna Voron.
- Le voici.
Et Duhau sortit une orange pour chacun , comme s'il se fut agi d'une palombe rôtie et ajouta pince sans rire:
-Remarquez , vous pouvez en laisser un peu pour la mi-temps , ne vous chargez pas trop l'estomac.!
Tête des Tricolores qui , le mal de l'air passé , étaient victimes de sérieuses crampes d'estomac , tant il est vrai qu'un joueur de rugby n'a rien de commun avec un végétarien.
- Messieurs , je vous faire une petite confidence . En 1924 , lorsque j'ai été battu , en finale du championnat militaire , par un boxeur qui a fait une grande carrière , mais dont j'ai oublié le nom , j'ai été victime de la suralimentation. Pour emmagasiner des forces , je dévorais poulets , jambons ,et rôtis . Eh bien , j'ai terminé le match couché , pour plus que le compte , j'avais été mis K.O par un petit gringalet maigre comme un "stoquefiche" . Cela dit , bon appétit et en piste.
Le championnat militaire de Jean Duhau avait mis toute l'équipe de bonne humeur et c'est le coeur léger autant que l'estomac , que les Tricolores entrèrent sur le terrain. L'affaire fut rondement menée et la Sélection Occidentale du Queensland s'inclina 29 à 14 . Les Tricolores affamés, avaient inscrits sept essais !......
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CARLAW PARK
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....Aprés avoir dévoré le soir , une dinde géante , les Tricolores s'envolaient pour Cairns , à l'extrême nord de l'Australie. Station hivernale, à mi-chemin entre le Tropique et l'Equateur , Cairns était , en cette fin du mois de juin , au coeur de l'hiver austral.
C'était le rendez-vous de tous ceux qui montaient de Melbourne et de l'Australie du Sud , pour retrouver sur les bords de la Mer de Corail un soleil tel que l'on aime en avoir sur les bords de la Riviéra.
Après une journée sous les palmiers de Green Island , une des merveilles de la grande Barrière de Corail , les Français n'avaient guère envie d'aller livrer un match homérique , sous un soleil de plomb , dans la poussière du stade pelé de Cairns. Ils commencèrent donc assez mollement , face à la sélection du North-Queensland ; mais dans le feu de l'action , si l'on peut dire le ton monta . Enervés par le jeu rude et pas très académqiue des rugbymen de l'endroit , les Français se fâchèrent tout rouge. Rarement , ils avaient été aussi brillants , même aux plus beaux jours de 1951. Epuisés par le rythme des Tricolores , les infortunés sélectionnés du North Queensland tiraient une langue d'une aune , comme des pionniers privés de bière depuis le matin.Ce fut bientôt une impressionnante cascade d'essais , quatorze exactement.
Cantoni et Delpoux en inscrivaient trois chacun Rey et Larroudé deux , enfin Vanel , Carrere , Audoubert et Levy un . On constatait également que Gilbert Benausse , l'élève de Puig-Aubert à l'A.S.Carcassonne , marchait allégrement sur les traces de son maître , puisqu'il réussissait 24 points de coups de pied à lui seul : 10 transformations un drop et un but.
Après ce nouveau carton , l'équipe de France descendit vers Brisbane avec une petite halte à Townsville , le temps de rosser une autre sélection du Queensland ( 42 à 26) en marquant 8 essais accompagnés et 8 transformations et un but de Gilbert Benausse.
Le retour triomphal du XIII de France faisait sensation à Brisbane . Les journalistes s'arrachaient Gilbert Benausse . Le nouveau buteur prodige de l'équipe était salué comme un nouveau Puig-Aubert. N"avait-il pas réussi 40 coups de pied sur 46 tentés dans les six derniers matches?
Les Tricolores étaient accueillis avec tant d'enthousiasme que le triumvirat , Antoine Blain , Jean Duhau , René Duffort , dut proclamer à nouveau la loi martiale........
C'était le rendez-vous de tous ceux qui montaient de Melbourne et de l'Australie du Sud , pour retrouver sur les bords de la Mer de Corail un soleil tel que l'on aime en avoir sur les bords de la Riviéra.
Après une journée sous les palmiers de Green Island , une des merveilles de la grande Barrière de Corail , les Français n'avaient guère envie d'aller livrer un match homérique , sous un soleil de plomb , dans la poussière du stade pelé de Cairns. Ils commencèrent donc assez mollement , face à la sélection du North-Queensland ; mais dans le feu de l'action , si l'on peut dire le ton monta . Enervés par le jeu rude et pas très académqiue des rugbymen de l'endroit , les Français se fâchèrent tout rouge. Rarement , ils avaient été aussi brillants , même aux plus beaux jours de 1951. Epuisés par le rythme des Tricolores , les infortunés sélectionnés du North Queensland tiraient une langue d'une aune , comme des pionniers privés de bière depuis le matin.Ce fut bientôt une impressionnante cascade d'essais , quatorze exactement.
Cantoni et Delpoux en inscrivaient trois chacun Rey et Larroudé deux , enfin Vanel , Carrere , Audoubert et Levy un . On constatait également que Gilbert Benausse , l'élève de Puig-Aubert à l'A.S.Carcassonne , marchait allégrement sur les traces de son maître , puisqu'il réussissait 24 points de coups de pied à lui seul : 10 transformations un drop et un but.
Après ce nouveau carton , l'équipe de France descendit vers Brisbane avec une petite halte à Townsville , le temps de rosser une autre sélection du Queensland ( 42 à 26) en marquant 8 essais accompagnés et 8 transformations et un but de Gilbert Benausse.
Le retour triomphal du XIII de France faisait sensation à Brisbane . Les journalistes s'arrachaient Gilbert Benausse . Le nouveau buteur prodige de l'équipe était salué comme un nouveau Puig-Aubert. N"avait-il pas réussi 40 coups de pied sur 46 tentés dans les six derniers matches?
Les Tricolores étaient accueillis avec tant d'enthousiasme que le triumvirat , Antoine Blain , Jean Duhau , René Duffort , dut proclamer à nouveau la loi martiale........
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CARLAW PARK
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.....- Protégeons - les de leurs amis , ils se chargeront bien de leurs ennemis , dit Antoine Blain.
En fait d'amis d'ailleurs , Antoine Blain voulait surtout parler des petites amies. Car , il était là , le plus grand danger couru par le XIII de France. Installés au coeur même de Brisbane , Les Tricolores avec leur élégant uniforme , étaient une magnifique attraction . Une des manies australiennes les plus étranges , pour le tempérament cartésien des Français , c'était la collection des autographes.Les Tricolores eussent pu signer du matin au soir des ballons ,des carnets , des cartons et de simples bouts de papier.
Les plus acharnées étaient les jeunes Australiennes qui assaillaient l'hôtel dès le matin , en rangs serrés . Beaucoup voulaient simplement avoir une signature souvenir , mais certaines , plus audacieuses et non moins jolies , eussent volontiers fait plus ample connaissance avec ces champions que la presse féminine australienne appelait les " galant Frenchmen" . Certains Tricolores ne surent point résister au charme des beautés du Queensland . Il ne m'appartient pas de faire toute la lumière sur ces amours australiennes , mais je dois à la vérité de dire que ce ne furent que des cas isolés.
Pour éviter que cela se renouvelât , Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort décidèrent de veiller personnellement sur la vertu de leurs joueurs.
Le couvre-feu fut fixé à 20 heures . Tout joueur qui était surpris dans les couloirs , sans le motif impérieux d'aller satisfaire un besoin aussi urgent que naturel , était condamné à deux livres d'amende.
Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort se chargèrent de l'application du décret en montant la garde à tour de rôle .
Et si l'on en juge par les résultats obtenus , le repos du guerrier fut en tout point conforme à la morale , la vertu, et la relaxation.....
En fait d'amis d'ailleurs , Antoine Blain voulait surtout parler des petites amies. Car , il était là , le plus grand danger couru par le XIII de France. Installés au coeur même de Brisbane , Les Tricolores avec leur élégant uniforme , étaient une magnifique attraction . Une des manies australiennes les plus étranges , pour le tempérament cartésien des Français , c'était la collection des autographes.Les Tricolores eussent pu signer du matin au soir des ballons ,des carnets , des cartons et de simples bouts de papier.
Les plus acharnées étaient les jeunes Australiennes qui assaillaient l'hôtel dès le matin , en rangs serrés . Beaucoup voulaient simplement avoir une signature souvenir , mais certaines , plus audacieuses et non moins jolies , eussent volontiers fait plus ample connaissance avec ces champions que la presse féminine australienne appelait les " galant Frenchmen" . Certains Tricolores ne surent point résister au charme des beautés du Queensland . Il ne m'appartient pas de faire toute la lumière sur ces amours australiennes , mais je dois à la vérité de dire que ce ne furent que des cas isolés.
Pour éviter que cela se renouvelât , Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort décidèrent de veiller personnellement sur la vertu de leurs joueurs.
Le couvre-feu fut fixé à 20 heures . Tout joueur qui était surpris dans les couloirs , sans le motif impérieux d'aller satisfaire un besoin aussi urgent que naturel , était condamné à deux livres d'amende.
Antoine Blain , Jean Duhau et René Duffort se chargèrent de l'application du décret en montant la garde à tour de rôle .
Et si l'on en juge par les résultats obtenus , le repos du guerrier fut en tout point conforme à la morale , la vertu, et la relaxation.....
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CARLAW PARK
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QUAND DOP PREND UNE CUITE.......
Ce deuxième test Australie-France devait battre tous les records à Brisbane. Gabba Park qui avait contenu 35.000 spectateurs et fait 8952 livres de recette en 1951 , allait recevoir 45.745 personnes qui déposaient 14.467 livres dans les caisses de la Rugby League .Mystère de la concentration humaine.
Pour ce match capital , l'Australie avait gardé son fameux pack qui avait fait merveille au premier test , à une exception : le dur et dynamique Crocker remplaçait en troisième ligne Diversi , jugé trop mou pour la circonstance . On retrouvait donc en pilier le colossal Duncan Hall et Roy Bull le bien nommé , puisque Bull signifie taureau là-bas. Au talonnage il y avait toujours Ken Kearney , avec des cuisses d"haltérophile et un torse de lutteur et qui , pour être plus à l'aise dans la bataille , prenait soin de laisser ses deux dentiers dans une petite boîte au vestiaire , ce qui, au demeurant ne le privait point de mordant. Avec Brian Davies , le coffre-fort associé au gigantesque Holloway , le pack Kangourou était remarquablement outillé. Derrière cette équipe de déménageurs en tous genres , les sélectionneurs australiens espéraient que leurs attaquants pourraient préparer , en toute sécurité , quelques offensives cinglantes qui consommeraient la défaite française. Elles étaient de grande classe d'ailleurs , les lignes arrières des "Kangourous" avec la présence du robuste et dynamique Keith Holman à la mêlée , le remplacement de Henry à l'ouverture par l'espoir du Queensland Laird , l'association de deux centres type armoire à glace : Wells et Mc Caffery et enfin le très complet Clive Churchill , à l'arrière.
Cette équipe d'Australie était donnée vainqueur à 6 contre 4 par les bookmakers.
Tandis que l'Australie appelait trois nouveaux joueurs seulement: Laird , Crocker et Mac Caffery , le XIII de France faisait peau neuve.
Gilbert Benausse peu à l'aise à l'arrière mais splendide à l'ouverture , cédait le poste d'ultime défenseur à Dop qui avait accepté de jouer bien qu'il toussât affreusement. Dop , l'enfant terrible , avait attrapé un refroidissement sous les Tropiques en buvant de la bière trop fraîche.
La ligne de trois-quarts , Ducasse , Merquey , Rey , Voron ,était conservée dans son intégralité . A l'ouverture , Jimenez était remplacé par Benausse . Dop devenu arrière , cédait sa place à la mêlée au petit Teisseire , dit le "Rat" pour son habileté à passer au milieu des défenseurs les plus hermétiques . L'intelligent et sobre Duplé était maintenu en troisième ligne . Le changement le plus radical avait lieu aux "fauteils d'orchestre" L 'athlétique Guy Delaye laissé à l'hopital à Sydney depuis le premier test , on avait pris deux joueurs de grande expérience , deux durs parmi les plus coriaces , en deuxième ligne: Berthomieu et Save . Enfin on avait replacé la tête de mêlée de fer : Vanel- Audoubert-Montrucolis.
Cela commença pourtant d'une façon assez dramatique pour la France.....
Ce deuxième test Australie-France devait battre tous les records à Brisbane. Gabba Park qui avait contenu 35.000 spectateurs et fait 8952 livres de recette en 1951 , allait recevoir 45.745 personnes qui déposaient 14.467 livres dans les caisses de la Rugby League .Mystère de la concentration humaine.
Pour ce match capital , l'Australie avait gardé son fameux pack qui avait fait merveille au premier test , à une exception : le dur et dynamique Crocker remplaçait en troisième ligne Diversi , jugé trop mou pour la circonstance . On retrouvait donc en pilier le colossal Duncan Hall et Roy Bull le bien nommé , puisque Bull signifie taureau là-bas. Au talonnage il y avait toujours Ken Kearney , avec des cuisses d"haltérophile et un torse de lutteur et qui , pour être plus à l'aise dans la bataille , prenait soin de laisser ses deux dentiers dans une petite boîte au vestiaire , ce qui, au demeurant ne le privait point de mordant. Avec Brian Davies , le coffre-fort associé au gigantesque Holloway , le pack Kangourou était remarquablement outillé. Derrière cette équipe de déménageurs en tous genres , les sélectionneurs australiens espéraient que leurs attaquants pourraient préparer , en toute sécurité , quelques offensives cinglantes qui consommeraient la défaite française. Elles étaient de grande classe d'ailleurs , les lignes arrières des "Kangourous" avec la présence du robuste et dynamique Keith Holman à la mêlée , le remplacement de Henry à l'ouverture par l'espoir du Queensland Laird , l'association de deux centres type armoire à glace : Wells et Mc Caffery et enfin le très complet Clive Churchill , à l'arrière.
Cette équipe d'Australie était donnée vainqueur à 6 contre 4 par les bookmakers.
Tandis que l'Australie appelait trois nouveaux joueurs seulement: Laird , Crocker et Mac Caffery , le XIII de France faisait peau neuve.
Gilbert Benausse peu à l'aise à l'arrière mais splendide à l'ouverture , cédait le poste d'ultime défenseur à Dop qui avait accepté de jouer bien qu'il toussât affreusement. Dop , l'enfant terrible , avait attrapé un refroidissement sous les Tropiques en buvant de la bière trop fraîche.
La ligne de trois-quarts , Ducasse , Merquey , Rey , Voron ,était conservée dans son intégralité . A l'ouverture , Jimenez était remplacé par Benausse . Dop devenu arrière , cédait sa place à la mêlée au petit Teisseire , dit le "Rat" pour son habileté à passer au milieu des défenseurs les plus hermétiques . L'intelligent et sobre Duplé était maintenu en troisième ligne . Le changement le plus radical avait lieu aux "fauteils d'orchestre" L 'athlétique Guy Delaye laissé à l'hopital à Sydney depuis le premier test , on avait pris deux joueurs de grande expérience , deux durs parmi les plus coriaces , en deuxième ligne: Berthomieu et Save . Enfin on avait replacé la tête de mêlée de fer : Vanel- Audoubert-Montrucolis.
Cela commença pourtant d'une façon assez dramatique pour la France.....
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CARLAW PARK
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A la première minute de jeu , une balle perdue près de nos buts était prestement ramassée par le demi d'ouverture Laird qui plongeait sous les poteaux.Transformation de Churchill et l'Australie menait 5 à 0 . C'était un rude handicap . Déjà le public croyait que les "Kangourous" allaient renouveller leur net succès du premier test à Sydney.
Effectivement , les déménageurs au maillot vert dominèrent pendant une dizaine de minutes . Comme on l'avait constaté à Sydney , la nouvelle règle du tenu , selon laquelle les défenseurs pouvaient se placer à un mètre , favorisait considérablement le jeu des avants . Il exigeait de ceux-ci beaucoup plus de puissance et de décision que de technique et d'intelligence.C'est ainsi que les Australiens purent exercer une pression sans relâche. Malgré tout , Gilbert Benausse, par un coup de pied de pénalité à la treizième minute , avait réduit le score à 5 - 2 . Et puis , deux minutes, plus tard ce fut un sensationnel renversement . Teisseire , le "Rat" , notre demi de mêlée de poche , se jouait de Crocker et de Holman et s'échappait . Aussitôt nos centres Merquey et Rey , bondissaient à ses côtés . Dernier servi , Rey s'infiltrait en flèche au travers des ultimes défenseurs et allait jusque sous les poteaux. La facile transformation de Benausse permettait à la France de mener 7 à 5 . Deux minutes encore et Gilbert Benausse , impeccable buteur , réussissait un nouveau but de pénalité qui portait l'avance française à 9-5.
La bataille était engagée a fond et l'on avait la confirmation que la puissance australienne était menaçée par la vivavité et le perçant d'un quatuor tricolore d'une rare subtilité avec Teisseire et Benausse en demis , Merquey et Rey au centre. Mais il en fallait davantage pour décourager les "Kangourous" qui sont , on le sait , costauds et entêtés.
Par des coups de boutoir obstinés , ils s'approchèrent de nos buts . Sur une sortie de mêlée favorable ,le blond Crocker s'arrachait en force , bousculait deux défenseurs qui tentaient de lui barrer le chemin et marquait près des poteaux. Churchill manquait la transformation et la France gardait un mince avantage de 9 à 8 .
Le jeu n'était commencé que depuis vingt minutes et les avants français fléchissaient dangereusement , à tel point que le farouche Crocker , sur un départ de Davies , s'échappait au centre du terrain et traversant tout le camp tricolore avec une facilité surprenante , allait encore à l'essai près des poteaux. Churchill ratait à nouveau la transformation mais l'Australie reprenait la tête : 11 à 9 .
Sous l'outrage , nos avants réagirent . Le jeu se stabilisa , mais la suprématie territoriale des "Kangourous" devait permettre à Davies et à Holman de réussir chacun un but de pénalité alors que Benausse ne pouvait en marquer qu'un seul.
L'Australie menait donc 15 à 11 à la mi-temps. Ce retard n'aurait pas semblé catastrophique si le XIII de France avait mieux contenu les colosses d'en face . Hélas ! il n'en était rien . Malgré toute leur volonté, les avants français avaient subi totalement l'emprise adverse .
On craignait un calvaire en seconde mi-temps........
Effectivement , les déménageurs au maillot vert dominèrent pendant une dizaine de minutes . Comme on l'avait constaté à Sydney , la nouvelle règle du tenu , selon laquelle les défenseurs pouvaient se placer à un mètre , favorisait considérablement le jeu des avants . Il exigeait de ceux-ci beaucoup plus de puissance et de décision que de technique et d'intelligence.C'est ainsi que les Australiens purent exercer une pression sans relâche. Malgré tout , Gilbert Benausse, par un coup de pied de pénalité à la treizième minute , avait réduit le score à 5 - 2 . Et puis , deux minutes, plus tard ce fut un sensationnel renversement . Teisseire , le "Rat" , notre demi de mêlée de poche , se jouait de Crocker et de Holman et s'échappait . Aussitôt nos centres Merquey et Rey , bondissaient à ses côtés . Dernier servi , Rey s'infiltrait en flèche au travers des ultimes défenseurs et allait jusque sous les poteaux. La facile transformation de Benausse permettait à la France de mener 7 à 5 . Deux minutes encore et Gilbert Benausse , impeccable buteur , réussissait un nouveau but de pénalité qui portait l'avance française à 9-5.
La bataille était engagée a fond et l'on avait la confirmation que la puissance australienne était menaçée par la vivavité et le perçant d'un quatuor tricolore d'une rare subtilité avec Teisseire et Benausse en demis , Merquey et Rey au centre. Mais il en fallait davantage pour décourager les "Kangourous" qui sont , on le sait , costauds et entêtés.
Par des coups de boutoir obstinés , ils s'approchèrent de nos buts . Sur une sortie de mêlée favorable ,le blond Crocker s'arrachait en force , bousculait deux défenseurs qui tentaient de lui barrer le chemin et marquait près des poteaux. Churchill manquait la transformation et la France gardait un mince avantage de 9 à 8 .
Le jeu n'était commencé que depuis vingt minutes et les avants français fléchissaient dangereusement , à tel point que le farouche Crocker , sur un départ de Davies , s'échappait au centre du terrain et traversant tout le camp tricolore avec une facilité surprenante , allait encore à l'essai près des poteaux. Churchill ratait à nouveau la transformation mais l'Australie reprenait la tête : 11 à 9 .
Sous l'outrage , nos avants réagirent . Le jeu se stabilisa , mais la suprématie territoriale des "Kangourous" devait permettre à Davies et à Holman de réussir chacun un but de pénalité alors que Benausse ne pouvait en marquer qu'un seul.
L'Australie menait donc 15 à 11 à la mi-temps. Ce retard n'aurait pas semblé catastrophique si le XIII de France avait mieux contenu les colosses d'en face . Hélas ! il n'en était rien . Malgré toute leur volonté, les avants français avaient subi totalement l'emprise adverse .
On craignait un calvaire en seconde mi-temps........
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CARLAW PARK
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Aux vestiaires , il n'y avait qu'une seule personne pour croire au redressement de la France . C'était un Australien que les Tricolores n'ont jamais connu que sous son prénom : Jules.
Jules était un petit vieux nerveux et bavard. Il ne quittait pas l'équipe de France pendant son séjour à Brisbane. La guerre de 14-18 , il l'avait faite dans la Somme avec le corps expéditionnaire australien . Jules était revenu dans ses forêts du Queensland avec la croix de guerre et un profond amour pour tout ce qui était français. Il parlait d'ailleurs fort bien notre langue et il était si heureux de retrouver des Français, qu'il ne cessait de dire aux joueurs :
- Flanquez-leur une bonne raclée , à ces Australiens!
Les joueurs s'étaient laissé choir sur les bancs , fourbus . Dop grelottait de fièvre et Jules était aux cent coups.
- mes pauvres enfants , mes pauvres enfants , il ne faut pas vous décourager . Moi , je suis sûr que vous allez gagner.
Et, prenant Dop par les épaules , il lui dit :
- Tiens , Jeannot , le vieillard t'a apporté des oranges de son jardin.
- Ecoute , Jules , lui confia Dop à l'oreille . Ca ne va pas l'ami . je crache mes poumons ? J'ai une fièvre de cheval . Si tu es un frère , tu vas me chercher un demi-litre de vin rouge chaud , sinon je vais caner sur le terrain.
- Mais tu es fou , Jeannot.
- Es-tu un frère ?
- Ah ! oui , le vieillard est un frère pour toi.
Et Jules fonça . Son séjour en France en avait fait un Australien beaucoup plus débrouillard que la moyenne. Il monta dans le salle de réception , réquisitionna un litre de bourgogne australien , se faufila jusqu'au bar d'où il revint triomphant, en bousculant tout le monde , un demi de vin rouge chaud et sucré dans une chope .
Dop la vida d'un trait et retourna sur le terrain avec ses camarades , la démarche floue et l'esprit vague . Pour tout autre joueur , cette attitude eut semblé étrange mais il y avait longtemps que les fantaisies de Dop n'étonnaient plus personne aux antipodes.
Dès la reprise , c'était un déferlement australien.
Une attaque des trois-quarts , conduite par laird et mc Caffery , permettait à l'ailier Kite de déborder . Davies manquait la transformation mais il réussissait un but de pénalité peu-après et l'Australie menait 20 à 11 , après quarante-cinq minutes de jeu.
Les attaquants français allaient , une fois de plus garder le contact . Une échappée Teisseire-Benausse permettait à Merquey de percer la défense australienne . Arrivé seul sur Churchill il se jouait aisément de l'arrière australien et inscrivait l'essai sous les poteaux.
Cette fois encore , la menace française fut de courte durée . Crocker , l'inévitable Crocker , provoquait une brèche , servait impeccablement le demi d'ouverture Laird lancé à pleine vitesse et c'était le cinquième essai des "Kangourous" , facilement transformé par Davies. Le sixième essai suivait bientôt , grâce au deuxième ligne Holloway qui , d'un terrible coup de bélier , tout près des buts passait en force.
Menant 28 à 16 , alors qu'il ne restait que quatorze minutes à jouer , l'Australie ne pouvait plus être rejointe.
Comme cela leur arrive souvent lorsqu'ils sont humiliés , les avants tricolores eurent une violente réaction. Vanel , Audoubert , Montrucolis , Berthomieu , Save et Duplé secouèrent le joug qui les retenait prisonniers depuis le début du match. Quelques départs en force et l'on vit que cette terrible bataille laissait les avants kangourous bien plus épuisés que leur souveraineté ne le laissait supposer. Alors on assista à la plus haletante fin de match qui se puisse imaginer.........
Jules était un petit vieux nerveux et bavard. Il ne quittait pas l'équipe de France pendant son séjour à Brisbane. La guerre de 14-18 , il l'avait faite dans la Somme avec le corps expéditionnaire australien . Jules était revenu dans ses forêts du Queensland avec la croix de guerre et un profond amour pour tout ce qui était français. Il parlait d'ailleurs fort bien notre langue et il était si heureux de retrouver des Français, qu'il ne cessait de dire aux joueurs :
- Flanquez-leur une bonne raclée , à ces Australiens!
Les joueurs s'étaient laissé choir sur les bancs , fourbus . Dop grelottait de fièvre et Jules était aux cent coups.
- mes pauvres enfants , mes pauvres enfants , il ne faut pas vous décourager . Moi , je suis sûr que vous allez gagner.
Et, prenant Dop par les épaules , il lui dit :
- Tiens , Jeannot , le vieillard t'a apporté des oranges de son jardin.
- Ecoute , Jules , lui confia Dop à l'oreille . Ca ne va pas l'ami . je crache mes poumons ? J'ai une fièvre de cheval . Si tu es un frère , tu vas me chercher un demi-litre de vin rouge chaud , sinon je vais caner sur le terrain.
- Mais tu es fou , Jeannot.
- Es-tu un frère ?
- Ah ! oui , le vieillard est un frère pour toi.
Et Jules fonça . Son séjour en France en avait fait un Australien beaucoup plus débrouillard que la moyenne. Il monta dans le salle de réception , réquisitionna un litre de bourgogne australien , se faufila jusqu'au bar d'où il revint triomphant, en bousculant tout le monde , un demi de vin rouge chaud et sucré dans une chope .
Dop la vida d'un trait et retourna sur le terrain avec ses camarades , la démarche floue et l'esprit vague . Pour tout autre joueur , cette attitude eut semblé étrange mais il y avait longtemps que les fantaisies de Dop n'étonnaient plus personne aux antipodes.
Dès la reprise , c'était un déferlement australien.
Une attaque des trois-quarts , conduite par laird et mc Caffery , permettait à l'ailier Kite de déborder . Davies manquait la transformation mais il réussissait un but de pénalité peu-après et l'Australie menait 20 à 11 , après quarante-cinq minutes de jeu.
Les attaquants français allaient , une fois de plus garder le contact . Une échappée Teisseire-Benausse permettait à Merquey de percer la défense australienne . Arrivé seul sur Churchill il se jouait aisément de l'arrière australien et inscrivait l'essai sous les poteaux.
Cette fois encore , la menace française fut de courte durée . Crocker , l'inévitable Crocker , provoquait une brèche , servait impeccablement le demi d'ouverture Laird lancé à pleine vitesse et c'était le cinquième essai des "Kangourous" , facilement transformé par Davies. Le sixième essai suivait bientôt , grâce au deuxième ligne Holloway qui , d'un terrible coup de bélier , tout près des buts passait en force.
Menant 28 à 16 , alors qu'il ne restait que quatorze minutes à jouer , l'Australie ne pouvait plus être rejointe.
Comme cela leur arrive souvent lorsqu'ils sont humiliés , les avants tricolores eurent une violente réaction. Vanel , Audoubert , Montrucolis , Berthomieu , Save et Duplé secouèrent le joug qui les retenait prisonniers depuis le début du match. Quelques départs en force et l'on vit que cette terrible bataille laissait les avants kangourous bien plus épuisés que leur souveraineté ne le laissait supposer. Alors on assista à la plus haletante fin de match qui se puisse imaginer.........
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CARLAW PARK
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Le public découvrait avec stupeur que ses colosses s'étaient suicidés par leur excessif déploiement de forces . Bull , Kearney , Davies , Holloway et Crocker avaient soudain chaussé des souliers de plomb et le XIII de France l'avait si bien compris , qu'il précipitait le mouvement .
Les 45.000 spectateurs consultaient leur montre . Plus que douze minutes et l'Australie remportait la série des tests . Maintenant les avants français balayaient le terrain . Les Tricolores avaient tout pour vaincre , sauf le temps qui semblait précipiter son cours.
De l'arrière , Jean Dop contre-attaquait . Insaisissable feu follet , Dop traversait tout le camps australien pour arriver jusque sur l'arrière Churchill où il servait Rey qui marquait sous les poteaux . la transformation de Benausse réduisait le retard de la France à 28-21 . Plus que 7 points ! Mais il ne restait que six minutes à jouer et cela paraissait irréalisable . Chaque action française était un danger et soulevait des cris d'admiration autant que de frayeur chez les "bobby-soxers". Six , cinq , quatre trois minutes . Les Australiens , pour mieux gagner perdaient du temps , ce temps fatal aux Tricolores . A moins trois , Dop piqua une nouvelle crise ....
Comme un fou déchaîné , notre "Fra Diavolo" crochetait à gauche , à droite , partait vers l'aile , revenait au centre , feintait , s'arrêtait , repartait. Les cris redoublaient dans les tribunes et Dop avançait au milieu des Australiens , affolés , avec des bonds de lapin en rupture de clapier. Arrivé à 30 mètres des buts adverses , il servit Merquey qui , se jouant une nouvelle fois de Churchill marquait sous les poteaux.
Benausse transformait et le XIII de France n'avait plus que deux points de retard. (28-26)
Le stade délirait.
- Come on , Frenchies ! Come on Frenchies !
Dans la tribune officielle Antoine Blain était blême d'émotion . Pour un peu , il eut regretté ce baroud d'honneur . A quoi bon renaître à l'espérance pour sombrer en touchant au port ? Echouer de deux points! C'était plus cruel encore que de perdre par un score plus net.
Désespérément , courageusement , les "Kangourous", vidés de leurs forces tentaient de sauver leur succès en gagnant du temps . Plus qu'une minute . Les Australiens pour desserrer l'étreinte qui les asphyxiait , pour se donner de l'air et consommer les dernières secondes d'angoisse tapèrent un grand coup de pied droit vers les buts français.
Dop se replia et ramassa la balle sur la ligne. Les "Kangourous" montaient vers lui , étalés sur toute la largeur du terrain . C'était la dernière balle , l'ultime chance française .
Dop hésita un instant , puis il s'élança . Dans les tribunes on criait , on tapait des pieds , le vacarme était assourdissant . Dop feintait , fuyait de travers pour échapper à la poigne de l'énorme Davies.
- Go on , little man !
Et Dop , à demi inconscient , se coulait au beau milieu des mastodontes , bloquait sa course pour faire s'écrouler dans la poussière un colosse qui fonçait sur lui , enfin il passait à Ducasse au moment même où la cloche retentissait . Cette fois c'était tout ou rien .
Ce fut le triomphe total car Ducasse filait le long de la touche et plongeait en coin , victorieux. La France gagnait 29-28 . Elle laissait le stade abasourdi après la plus étonnante des remontées.
La pelouse fut envahie par la marée humaine .
Au beau milieu de la foule , un petit vieux gesticulait comme un démon , riant et pleurant à la fois et lançant dans son français délicieusement parfumé d'accent australien:
- C'est le pinard de Jules ! C'est le pinard de Jules !
Les 45.000 spectateurs consultaient leur montre . Plus que douze minutes et l'Australie remportait la série des tests . Maintenant les avants français balayaient le terrain . Les Tricolores avaient tout pour vaincre , sauf le temps qui semblait précipiter son cours.
De l'arrière , Jean Dop contre-attaquait . Insaisissable feu follet , Dop traversait tout le camps australien pour arriver jusque sur l'arrière Churchill où il servait Rey qui marquait sous les poteaux . la transformation de Benausse réduisait le retard de la France à 28-21 . Plus que 7 points ! Mais il ne restait que six minutes à jouer et cela paraissait irréalisable . Chaque action française était un danger et soulevait des cris d'admiration autant que de frayeur chez les "bobby-soxers". Six , cinq , quatre trois minutes . Les Australiens , pour mieux gagner perdaient du temps , ce temps fatal aux Tricolores . A moins trois , Dop piqua une nouvelle crise ....
Comme un fou déchaîné , notre "Fra Diavolo" crochetait à gauche , à droite , partait vers l'aile , revenait au centre , feintait , s'arrêtait , repartait. Les cris redoublaient dans les tribunes et Dop avançait au milieu des Australiens , affolés , avec des bonds de lapin en rupture de clapier. Arrivé à 30 mètres des buts adverses , il servit Merquey qui , se jouant une nouvelle fois de Churchill marquait sous les poteaux.
Benausse transformait et le XIII de France n'avait plus que deux points de retard. (28-26)
Le stade délirait.
- Come on , Frenchies ! Come on Frenchies !
Dans la tribune officielle Antoine Blain était blême d'émotion . Pour un peu , il eut regretté ce baroud d'honneur . A quoi bon renaître à l'espérance pour sombrer en touchant au port ? Echouer de deux points! C'était plus cruel encore que de perdre par un score plus net.
Désespérément , courageusement , les "Kangourous", vidés de leurs forces tentaient de sauver leur succès en gagnant du temps . Plus qu'une minute . Les Australiens pour desserrer l'étreinte qui les asphyxiait , pour se donner de l'air et consommer les dernières secondes d'angoisse tapèrent un grand coup de pied droit vers les buts français.
Dop se replia et ramassa la balle sur la ligne. Les "Kangourous" montaient vers lui , étalés sur toute la largeur du terrain . C'était la dernière balle , l'ultime chance française .
Dop hésita un instant , puis il s'élança . Dans les tribunes on criait , on tapait des pieds , le vacarme était assourdissant . Dop feintait , fuyait de travers pour échapper à la poigne de l'énorme Davies.
- Go on , little man !
Et Dop , à demi inconscient , se coulait au beau milieu des mastodontes , bloquait sa course pour faire s'écrouler dans la poussière un colosse qui fonçait sur lui , enfin il passait à Ducasse au moment même où la cloche retentissait . Cette fois c'était tout ou rien .
Ce fut le triomphe total car Ducasse filait le long de la touche et plongeait en coin , victorieux. La France gagnait 29-28 . Elle laissait le stade abasourdi après la plus étonnante des remontées.
La pelouse fut envahie par la marée humaine .
Au beau milieu de la foule , un petit vieux gesticulait comme un démon , riant et pleurant à la fois et lançant dans son français délicieusement parfumé d'accent australien:
- C'est le pinard de Jules ! C'est le pinard de Jules !