quand vichy zigouillait le Rugby A XIII

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joseph47
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quand vichy zigouillait le Rugby A XIII

Message non lu par joseph47 » 02 oct. 2007, 12:23

Quand Vichy zigouillait le rugby à XIII...
Le rugby à XIII, ex-sport de masse, revient de loin. Il a survécu à l’interdiction de Pétain, soutenue par le vichyste port-vendrais Jep Pascot en 1941. Aujourd’hui, cette discipline ouvrière, sociologiquement de gauche, prend sa revanche. Tout a un sens…
n 1933, lorsque le joueur catalan Jean Galia, d’Ille sur Têt, introduit en France le rugby à XIII, l’ambiance anglaise est là. Car la scission XV / XIII, tramée en Angleterre en 1895, est née du refus des clubs du Sud (Londres en tête) de payer les heures chômées et les frais de déplacement en train des joueurs de conditions modestes. Pour faire bref, on peut dire "Les pauvres jouent au XIII, les riches jouent au XV". C’est donc d’un fait social qu’apparaît une composition à 13 joueurs, effective en 1906 : deux 3ème lignes sont supprimés, il n’y a plus de touches, le ballon peut être conservé après placage, par un tacle vers l’équipier de derrière, et le spectacle est plus vif. Voilà pour la genèse. En 1937, la sélection française de rugby à XIII remporte la coupe du monde en coiffant sur le poteau l’Angleterre et le Pays de Galles. Bordeaux, Perpignan, Bayonne, Grenoble, Lyon et Paris ont leur club. Avant-guerre, l’essor du XIII ampute la fédération de XV de 44% de ses équipes, converties au modèle rebelle. Le jeu d’attaque de ce néo-rugby séduit les terroirs ruraux et la presse s’organise en camps rivaux. Le journal l’Echo des Sports est pour, L’Auto (ancêtre de L’Equipe) est contre.
Le Rugby à XIII entre en enfer sous le régime de Vichy par le décret du 19 décembre 1941 où le maréchal Pétain indique la "dissolution de l'Association dite Ligue Française de Rugby à XIII". Car le lobby quinziste, dirigé par le collaborationniste Albert Ginesty, Président de la Fédération Française de Rugby à XV, a perçu l’intérêt d’un mariage exclusif de son sport à l’exaltation des vertus d’une jeunesse de race blanche, chère au maréchal Pétain. Sur fond d’occupation, cette magouille est soumise à l’autorité du Directeur des Sports du gouvernement, le colonel catalan Joseph Pascot (dit Jep), de Port-vendres, ancien international quinziste et demi d’ouverture de l’USAP. Un patrimoine de plusieurs dizaines de millions de francs de l’époque est donc saisi : 225 clubs ainsi que des biens immobiliers et mobiliers, parfois redistribués au XV ! Spolié et banni, le rugby à XIII entame, officiellement, une traversée du désert. En réalité, il tient son rôle populaire, ouvrier, et rural, ancré dans le quotidien et le cadre scolaire. Le XV, davantage présent à Perpignan, qui jouit d’une imagerie plus chic, profite de la disgrâce de son camarade sans remporter franchement la partie, dans une sorte d’abus légal nuancé dans les faits. Ce n’est qu’en 1991 que le terme cheap de "Jeu à XIII" est aboli au profit du "Rugby à XIII", malgré les multiples oppositions judicaires émises par la fédération de XV… De là à traiter les quinzistes de pétainistes et les treizistes de gauchistes, loin s’en faut.
De l’illégalité à la revanche des Dragons Catalans
En 2006, au comptoir des cafés de Canohès, le Barcarès, ou Palau del Vidre, on se positionne toujours comme quinziste ou treiziste, dans une éternelle dichotomie culturelle. Sur la terre catalane, réfractaire au pouvoir central, le XIII a jadis trouvé un terreau de combat, mais le vernis branchouille de l’USAP donne au XV un lustre plus éclatant, plus globalement correct. Devenir dirigeant ou bénévole de XV est une distinction sociale plus forte.
Le XIII n’est jamais mort, c’est le sport majeur en Australie, il survit au Maroc et les comtés du Nord anglais, Yorkshire et Lancashire, lui sont fidèles dans un permanent recrutement prolétaire. En Russie, le frémissement du rugby à XIII succède à sa mise à l’écart par le régime soviétique. En Afrique du Sud, où l’Apartheid l’a banni du champ légal. Comme Vichy. Par ici, doucement, le XIII revient. Une association, intitulée "XIII actif", créée en 1997 à Arles sur Rhône, exige une réparation du décret "treizicide" de Pétain. En 2000, la ministre des sports communiste Marie-Georges Buffet s’est penchée sur le sujet, sans suite. Depuis février 2006, l’entrée de l’équipe Les Dragons Catalans en Super league anglaise offre au Rugby à XIII français et catalan une nouvelle visibilité, mais sa résonance médiatique française est encore proche de zéro : les journalistes et médias de masse étant concentrés à Paris, le football occupe le devant de la scène. Le rugby noble, à XV, les embarrassant déjà beaucoup, nourrir un espoir immédiat pour les sauvages prolos du XIII relèverait du délire. Là justement est le challenge. Le rugby à XIII, en quête de crédit(s) en France, aura retrouvé son panache d’antan et tombé son costume de bâtard dès que les femmes, converties au rugby en 1998 dans le sillage des succès de l’USAP, s’y intéresseront en nombre. Ce sera le signe du renouveau.

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Interdiction du rugby à XIII par le régime de Vichy
Le 22 août 1940, Jean Ybarnegaray, président-fondateur de la fédération française et internationale de Pelote Basque, secrétaire d'État à la Jeunesse et à la Famille et député souletin du Parti social français (PSF) du colonel François de la Rocque déclara : «Le sort du rugby à XIII est clair, il a vécu (et), rayé purement et simplement du sport français. [......]»

Le 17 Octobre 1940, Albert Ginesty, président de la Fédération Française de Rugby (rugby à XV) et Paul Voivenel, président d'honneur de la FFR et auteur en 1942 de l'ouvrage Mon beau rugby qui refuse l'existence du rugby à XIII (partie disparue lors des rééditions) militent pour l'interdiction du rugby à XIII. Cette interdiction pourrait bien être établie et conclue sur la base du « rapport Voivenel ou Ginesty sur le rugby » remis à Jean Borotra, Commissaire général à l’Éducation générale et aux Sports de juillet 1940 à avril 1942. Dans d'autres secteurs d'activités, le régime de vichy et sa révolution nationale s'impliquèrent et agirent dans l'organisation nationale du sport en France: cf. leur Loi du 20 décembre 1940[3]

D'autre part, le nouveau ministre des sports de Philippe Pétain et du nouveau gouvernement de Pierre Laval nommé en avril 1942 : Joseph Pascot (ex directeur des sports -suite à Montoire- dans le cabinet du précédent ministre i.e. Jean Borotra, ancien joueur international de la FFR, devenu colonel d'active) est, dans ses précédentes fonctions, un des acteurs principaux de la suppression du rugby à XIII ;

Le professionnalisme dans le sport étant d'origine et importé du Royaume Uni, sous le couvert du bannissement de celui ci (au profit de l'amateurisme pur, dur et vertueux comme dans le 3ème reich) l'un des objectifs de J. Pascot était, pour contrôler et diriger la jeunesse ainsi que hommes et femmes dans le sport, de "mettre au pas" le monde du sport et "d'inciter" à des regroupements de sports ayant un fonds similaire.

En 1941, Vichy supprime le professionnalisme du sport à des rythmes différents car la résurrection morale promise à la France est inséparable d'une remise en forme physique et morale selon sa formule "Être fort pour mieux servir".

Les effets de cette interdiction sont immédiats pour le rugby à XIII et,
- valent dissolution et perte d'avoirs tant pour les 13 clubs « professionnels » (c'est-à-dire qui dédommagent leurs joueurs) que pour les 142 à 146 clubs amateurs de la Ligue Française de Rugby à XIII,
- des biens immobiliers ou mobiliers de la LFR XIII et de clubs sont saisis soit de 4 à 9 millions de francs de l'époque. Certains sont partiellement captés par la Fédération française de Rugby à XV.

Durant la même période, le tennis et la lutte durent simplement rejoindre le statut amateur, tandis qu'un délai de trois ans est accordé au football[4], au cyclisme, à la boxe et à la pelote basque.

Vichy raya aussi de la carte sportive française d'autres fédérations amateurs uni-sport de moindre importance en les mettant sous tutelle d'une autre fédération et captation de leurs biens par celle ci (comme le tennis de table, le jeu de paume, le badminton[5] mis sous tutelle du tennis) mais également des fédérations amateurs multi-sports dont il se saisit des biens mobiliers et immobiliers ( - FSGT, - UFOLEP, - USEP ). Il interdisit aussi les compétitions féminines de football, de cyclisme[6] (nocifs pour la gent féminine).

Dans le même temps, entre juin et septembre 1941, le régime de Vichy autorise la création, en France, d'une nouvelle fédération sportive : le handball[7], d'origine allemande (codifié entre 1917 et 1920 et dérivé d'un autre jeu allemand : le torball). Mais, fin 1944, en conformité avec l'article 3 de l'ordonnance d'Alger[8] la création de la FFH est annulée (après plusieurs enquêtes la FFHB ne peut naître qu'en juillet 1952).

Le coup de grâce au rugby à XIII, donné lors du décret du 19 décembre 1941 signé par Pétain le 29 décembre 1941, applicable en janvier 1942, pourrait bien avoir son origine à Berlin[9][10] et en parallèle à l'apparition de la FFH.
Le Rugby à XIII fut aussi interdit, en novembre 1940, aux clubs scolaires ou collégiens ou lycéens ou universitaires qui le pratiquaient depuis la saison 1935-36 (de 52 ils étaient passés à 79 pour la saison 1938-39); ceux ci n'étaient pas membres de la LFR.XIII mais étaient membres des fédérations sportives concernant le sport dans les écoles ou les colléges ou les lycées ou les universités; ces clubs étaient des adhérents des fédérations: UFOLEP: (fondée en 1928) ou, OSU: (fondé en 1931, devenu l'OSSU en 1938, l'ASSU en 1962 et l'UNSS en 1975) ou bien, USEP: (fondée en 1939).


Le Gouvernement Provisoire de la République
A Alger, le 2 octobre 1943 (J.O du 7 octobre 1943), le CFLN rétablit, par l'Ordonnance dite d'Alger,
- l'existence juridique et légale de "plein droit" de,
- la restitution, retrocession des biens à
tout groupement, association, fédération sportive légalement constituée et "existant au 16 juin 1940" et donc du/au rugby à XIII.
Le « néo-rugby » ou rugby à XIII souffrira à la Libération ainsi qu'en son lendemain immédiat, d'une conjoncture moins facile que celle espérée.

Depuis septembre 1944
Dépossédé d'une partie de ses biens d'avant octobre 1940, obligé à une « Cure de silence » d'octobre 1940 à septembre 1944, victime d'un certain unanimisme refusant, au-delà des mythes obligés, de « rouvrir des plaies non encore cicatrisées », le rugby à XIII français revoie la formation, dès fin septembre 1944, d'une à deux centaines de clubs et succite de nouveau l'engouement de dizaines de milliers de supporters.

En juillet 1947 puis en juillet 1948, après avoir subit les turpitudes du régime de Vichy et ne voulant pas être mis au banc des sports français ou se suicider ou ne sachant pas faire face, il dut alors une nouvelle fois se plier et se ranger à la volonté de la République Française (ceci sous la pression des tenants du jeu à 15): cf. page FFR XIII.

Le 3ème paragraphe de l'Article 3 de l'Ordonnance dite d'Alger n'est toujours pas annoncé comme ayant avoir été appliqué (restitution, retrocession des biens) en faveur de la LFR.13 reconstituée de Plein Droit fin septembre 1944.L'équipe de France de rugby à XIII est championne du monde (titre officieux, attribué par les australiens sur un cycle de 4 ans) en 1951 et 1955, a remporté plusieurs championnats d'Europe (1939, 1947, 1951, 1952, 1977, 1981, 2005).

Le 31 mars 1989, le Conseil d'État, statuant au contentieux, rend un arrêt contre le Ministère de la Jeunesse et des Sports qui, pour sa délégation de pouvoirs aux fédérations sportives, continue à utiliser la dénomination «Fédération Française de Jeu à XIII», perservérance ou erreur administrative du ministère bien que la dite dénomination a plus aucun fondement, valeur juridique eu égard aux lois de la République.

Le 4 juin 1993 que sa fédération peut à nouveau s'appeller « Fédération française de rugby à XIII » (FFR à XIII), suite à l'Arrêt rendu par la Cour de Cassation qui déboute définitivement la FFR, qui était allé en cassation suite à son procès d'appel perdu deux ans plus tôt et dont les attendus considéraient qu'en tant qu'appelation générique, le terme « rugby »[11] ne pouvait relever de l'exclusivité d'une seule fédération.

Fondée en 1997, et animée notamment par Robert Fassolette et le Britannique Cliff Spracklen, l'association « XIII actif »[12] se donne entre autre pour objet « d'œuvrer pour la réhabilitation historique du Rugby à XIII » et de « mettre en lumière, devant l'opinion publique, les conséquences actuelles de l'interdiction de ce sport et de sa spoliation sous le régime de Vichy afin d'en obtenir les éventuelles réparations légales et légitimes ».

Une Commission indépendante de douze historiens et chercheurs (présidée par l'historien Jean-Pierre Azéma) dénommée : La Politique du Sport et de l’Education Physique en France Pendant l’Occupation fut chargée, le 29 mars 2000, par Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, d'étudier les rémanences structurelles et juridiques des décisions prises par Vichy dans le domaine sportif.
La commission remit, en mars 2002, un rapport d'environ 190 pages, tiré à 50 exemplaires, qui consacre une page et demi au rugby à XIII[13]. Il confirme l'influence sur le régime de vichy de 2 à 3 dirigeants vichystes des instances nationales du rugby à XV dans l'interdiction de son concurrent.

A l'exclusion de Marie-Georges Buffet en mai 2000 (Ministre Jeunesse et Sport), nul ministre ou personnel politique d'importance n'a depuis des dizaines d'années assisté à une finale treiziste (championnat ou coupe lord Derby). Par ailleurs, aucun membre des Equipes de France de Rugby à XIII (excepté Puig Aubert) n'a été, en raison de la contribution apportée à la communauté nationale à travers son sport, fait titulaire de la Légion d'Honneur.
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Message non lu par UTILITY PARLEUR » 02 oct. 2007, 13:02

Sur le forum de France2, un certain Juju1( dont on ne sait quel rôle il veut jouer, fustigeant tour à tour tout le monde) à poster une archive de texte sur l'arbitrage des relations entre XV et XIII écrit par GASTON ROUX Directeur Général de l'Education Physique des Sports.

c'est là

En rejetant la responsabilité des dirigeants treizistes de l'époque de ne pas avoir su créer une Ligue professionnelle à l'image de la LNR XV créer en 1995.

alors qu'en fut-il vraiment?

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Message non lu par UTILITY PARLEUR » 02 oct. 2007, 16:11

Merci Pil

suis pas arrivé à le récupérer! :evil:

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Message non lu par UTILITY PARLEUR » 02 oct. 2007, 16:53

pas pensé à le dernière action :oops:

je l'ai sur mon ordi mais en tant qu'image dans un fichier Word, beaucoup trop gros pour le forum! :cry:

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