Gilbert Benausse

(Pour ceux qui voudrait nous faire partager leurs souvenirs).

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jpaguadeloupe
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Gilbert Benausse

Message non lu par jpaguadeloupe » 26 févr. 2011, 19:06

Extrait d'article de la dépeche de Juillet 2000
Gilbert Benausse, l'homme qui valait 2 millions
CARCASSONNE (11) : Rugby à XIII

Enfant de la Cité, international à 19 ans, « Gigeou » est considéré comme le meilleur demi d'ouverture du XIII comme du XV. Et son fils, Patrice, suit la même voie

Il a 68 ans maintenant, et hormis auprès des inconditionnels treizistes, il passe quelque peu inaperçu, au pied de la Cité. Gilbert Benausse, c'est de lui qu'il s'agit, fut pourtant, d'après la légende, le meilleur demi d'ouverture des deux rugbys.

En 1954, pour la petite histoire, il fut vendu par l'ASC XIII au Toulouse Olympique, qui acquitta 2 millions de francs pour le transfert. Une somme rondelette qui laisse rêveur.

Une très belle carrière
Gilbert Benausse est né en 1932, à Carcassonne, et plus précisément à la Cité. Il fréquenta rapidement le quartier de la Trivalle, où il côtoya un certain Raymond Chésa, avec qui il a toujours entretenu des liens d'amitié solides. Il débuta à XIII, en minimes, et on s'aperçut rapidement des qualités hors normes de cet élément de valeur. En juniors, il côtoya son ami Robert Gayraud, qu'il vient voir régulièrement et à qui il voue une admiration sans faille. Titularisé en première à la célèbre ASC XIII, à 17 ans, il décrocha sa première cape d'international, face aux rudes Néo- Zélandais, à Paris. Il était alors âgé de 19 ans. Première tournée à Madagascar, en 1953, puis tout s'enchaîne. En 1955, il est en tournée en Australie, et les dirigeants du bout du monde font des pieds et des mains pour le garder chez eux. Jacky Merquey, international avec lui et identiquement contacté, refuse les sirènes « kangourous ». Gilbert, qui languit beaucoup les remparts et son Aude natale, refuse le pont d'or. Revenu au pays, il signe rapidement au FC Lézignan, où il va rester neuf saisons. Il sera trois fois champion de France, il remportera quatre coupes de France et décrochera quarante-neuf capes. Contacté par le grand Lourdes et par plusieurs grands clubs quinzistes français, il restera fidèle à la belle Aude.

Parallèlement, après avoir débuté comme coiffeur dans le chef-lieu audois, il dirigera longtemps un magasin de chasse-pêche, à Lézignan-Corbières. Modeste et très simple, il n'eut pas la réussite sociale que sa notoriété aurait pu lui apporter.

« Moi, je voulais entrer à la mairie, et je n'ai jamais pu y parvenir », conclut-il très modestement.

rugbyman13
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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par rugbyman13 » 05 mars 2011, 13:58

Souvenir de l'Equipe de France 55 avec Gilbert à gauche...

Source collection N & P.
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.

jpaguadeloupe
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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par jpaguadeloupe » 05 mars 2011, 15:41

rugbyman13 a écrit :Souvenir de l'Equipe de France 55 avec Gilbert à gauche...

Source collection N & P.
j'ignore si N&P ( Nicolas et patrick ? ? Contrastin ) parcourent le forum , mais
il me semblerait si tel était le cas que cela leur ferait plaisir ne pas être dans l'anonymat
d'un laconique N&P et que le nom de famille CONTRASTIN apparaisse :idea: .

rugbyman13
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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par rugbyman13 » 05 mars 2011, 18:10

jpaguadeloupe a écrit :
rugbyman13 a écrit :Souvenir de l'Equipe de France 55 avec Gilbert à gauche...

Source collection N & P.
j'ignore si N&P ( Nicolas et patrick ? ? Contrastin ) parcourent le forum , mais
il me semblerait si tel était le cas que cela leur ferait plaisir ne pas être dans l'anonymat
d'un laconique N&P et que le nom de famille CONTRASTIN apparaisse :idea: .
Combien de forumistes citent ici systématiquement leur sources ne serait-ce que par des initiales ? Moi je le fais tant que faire se peut et les personnes concernées m'ont toutes (sans exception et par écrit y compris les photographes ) donné leur accord. Deplus, un "certain anonymat" peut-être de mise non ? Peut-être que ce qui vous "gène" c'est le fait que je publie un nouveau document que vous n'avez pas dans un post que vous avez lancé ? J'en ai d'autres sur le joueur mais la source c'est SP :mdr23:
Modifié en dernier par rugbyman13 le 05 mars 2011, 20:28, modifié 1 fois.

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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par Jean CAZENAVE » 05 mars 2011, 19:38

On reconnait de gauche à droite:
Gilbert B, Save et Contrastin (de Bordeaux), et Puig Aubert.

corbieres13
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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par corbieres13 » 31 mars 2011, 08:39

Voiçi dans son intégralité,un article du brillant éditorialiste de l'indépendant Bernard Revel ......."aujourd'hui retraité":

Gijou

(Samedi 2 décembre 2006)

Je crois que la première fois, nous avons pris le chemin de la Jourre. Quand j’essaie d’imaginer mon père, à cette époque, il fume toujours une Gauloise. Alors, il devait être comme ça, une cigarette à la main, sa veste marron en suédine et les cheveux en brosse. Je le suivais en silence. Des types lui disaient en me regardant : « On en fera un pilier, de celui-là. » Je ne savais pas ce que cela voulait dire mais cela ne me plaisait pas. Il y avait du monde sur ce chemin étroit en ciment qui passait sous la voie ferrée accompagné d’un mince filet d’eau malodorante. Après le lavoir, nous suivîmes le mouvement vers la droite et, comme le sol était de terre, je voyais la poussière éclaircir peu à peu mon pantalon du dimanche. Au bout de la côte, il fallait traverser la route pour atteindre la vaste esplanade envahie pas les bus. La foule se dirigeait vers une petite porte. Nous entrions au Moulin par derrière. C’était pour éviter la cohue de l’entrée principale. Mais, apparemment, nous étions très nombreux à avoir cette idée et une longue attente commença. De temps en temps, je voyais un homme passer avec une échelle à l’épaule. Je reconnus l’un d’eux, c’était le vieil Antoine, notre cousin de Peyronnet. Il nous salua d’un air jovial, avant d’aller appuyer son échelle contre le mur du stade, tout en bavardant avec les malins qui, comme lui, profitaient ainsi du spectacle à l’œil.
C’était la première fois que j’assistais à un match de rugby. Mon père voulait absolument que j’aime ce sport. Il y avait la foule, le bruit, la musique, cette voix dans le haut-parleur qui répétait « Qui boit Vabé va bien », et, au milieu la belle étendue verte avec ses lignes blanches. Nous étions debout, un peu en hauteur sous de grands pins et j’enviais les gens qui s’asseyaient dans les tribunes en face. Puis, les joueurs sont arrivés. Il y eut des acclamations, des cris, des sifflets. La partie commença. Je n’arrivais pas à m’intéresser au jeu. J’essayais plutôt de repérer, derrière le tableau d’affichage, parmi les têtes émergeant du mur, celle de mon cousin. Les gens, pourtant, étaient passionnés. Jamais encore je n’avais entendu autant d’adultes hurler autant d‘insultes. Et puis, un cri revenait souvent : « Gijou ! Gijou ! » A quoi jouaient-ils ? « Tu as vu ? » me dit mon père. « Celui qui a fait la percée, c’est Gijou Benausse ! C’est le meilleur ! »
Je n’avais rien vu. Mais comme j’étais à cet âge plein de bonne volonté, je me mis à ne regarder que lui. Jusque-là, tout m’avait semblé lourd, brutal et pour tout dire déplaisant. En me concentrant sur « leur » Gijou, je suis entré dans les détails. Je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il faisait, mais, n’étant pas capable de le formuler à l’époque, je souffle à l’enfant que j’étais ce qu’il aurait pu dire pour épater son père : « C’est un toréador au milieu d’un troupeau de taureaux. » Ainsi donc, le rugby, cela pouvait être aussi cette grâce qui transforme un homme lorsqu’il saisit le ballon. Il y avait comme une danse dans le jeu de jambes et de bras de ce Gijou qui, au nez et à la barbe de la force brutale vouée à sa perte, semblait suivre un passage secret serpentant jusqu’à la passe décisive. Je sais bien qu’aujourd’hui, j’embellis les choses. Il faut bien exagérer un peu pour exprimer ce qu’un enfant ressent. Depuis, pour moi, le rugby ce fut Benausse, comme le cyclisme c’était Anquetil et la course à pied Jazy.
J’ai accompagné quelque temps encore mon père au Moulin. Nous sommes allés à Toulouse en famille, une fois, voir la finale, et je me souviens surtout du pique-nique au bord de la nationale et d’un cheval peint en vert et blanc. J’ai un peu joué au rugby au collège et j’ai vite compris que je ne serais jamais ni un Gijou ni un pilier ni rien. Mon père dut en être déçu. Me voir entrer en vert et blanc au Moulin l’aurait sans doute rendu plus fier que mes résultats scolaires. Un jour il me dit, et je le pris comme un reproche : « Gijou, il ne sait pas écrire, mais sur le terrain, c’est le plus intelligent. »
Peu à peu, j’ai cessé de m’intéresser au rugby. Mais souvent, en rentrant du collège, je dépassais vite les vitrines de Conchon-Quinette, de la boulangerie Puig, des tissus Gourc et je m’arrêtais devant celle du magasin de chasse et pêche. Je faisais semblant d’observer les couteaux, les fusils, les appâts exposés, mais en réalité, j’essayais de voir, à l’intérieur, le maître des lieux. Habillé comme tout le monde, il paraissait bien ordinaire. Parfois, il était devant sa porte, seul, perdu dans ses pensées. Je passais près lui comme un fantôme. Je n’aurais jamais osé adresser la parole à Gilbert Benausse.

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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par billy » 31 mars 2011, 09:52

j'aime bien la derniere phrase de l'article de Bernard Revel "je n'aurais jamais ose adresser la parole a Gilbert Benausse" cela resume bien l'attitude d'un admirateur pour une star qu'il admire....c'est une attitude de beaucoup de fans , jadis quand tu pouvais approcher des stars comme Brousse ,Poncinet, Calixte ,Merquey ou Puig Aubert tu etais vraiment impressionne... aujourd'hui les relations des stars et de leurs admirateurs ont beaucoup evoluees : la communication est aussi une forme de promotion , les jeunes sont beaucoup moins impressionnes...et les stars sont ( helas beaucoup plus rares ) et sans doute beaucoup plus abordables, encore qu'en ce qui concerne les anciens ,Gilbert Benausse je pense qu'il etait plus tot timide et discret..et certainement pas pretentieux ! quand a Pipette il etait tres abordable et n'hesitait pas a echanger quelques mots avec les fans qui courraient apres lui :D

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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par ego scriptor » 31 mars 2011, 15:46

billy a écrit : Gilbert Benausse, je pense qu'il etait plutot timide et discret...et certainement pas prétentieux ! quand a Pipette; il etait tres abordable et n'hesitait pas a echanger quelques mots avec les fans qui courraient apres lui :D
Pipette était certainement comme Popaul Dejean ou Gaston Comes : si tu avais la chance d'être à leur côté lors d'un match, c'est eux qui t'adressaient la parole (pour commenter une phase de jeu, par exemple) et non l'inverse ! Ils étaient humbles et pourtant, ils avaient été grands parmi les grands.
Une anecdote concernant Gaston. Je le croise quelques mois avant son décès sur l'avenue Joffre (il habitait comme moi au moyen-vernet) : il avancait lentement, le regard baissé : " Ça va ? - Grimace - (Pour le dérider) : à propos, je viens de vous voir marquer un essai ! - Ça m'étonnerait, à mon âge :( - Mais oui, c'est sur une cassette vidéo, le 3ème test de 51 en Australie ! - Grand sourire : ah comme ça, oui ! C'est sur percée de Genoud, je l'avais suivi, il a vite joué le tenu et j'ai plongé ! Mais ce qui m'interesserait beaucoup, c'est de revoir le 2ème test..."
Sur le coup, je n'ai pas bien compris pourquoi. C'est par la suite que j'ai réalisé que c'était le seul test qu'ils avaient perdus, à Brisbane.

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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par ego scriptor » 31 mars 2011, 15:55

Merci à Claude de nous avoir rappelé la brillante plume de Bernard Revel.
Sans être un inconditionnel du XIII, il arrive à sublimer ce qu'il écrit sur ce sport.

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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par corbieres13 » 31 mars 2011, 22:42

ego scriptor a écrit :Merci à Claude de nous avoir rappelé la brillante plume de Bernard Revel.
Sans être un inconditionnel du XIII, il arrive à sublimer ce qu'il écrit sur ce sport.
On lui doit aussi l'éditorial çi-dessous, publié quelques jours avant la finale des Dragons à Wembley :



XIII

(23 août 2007)
 
 
 
Dans la galaxie du sport français la petite planète Rugby à XIII a bien du mal à être vue de tous les coins de l'Hexagone. La télévision publique qui devrait avoir au moins la reconnaissance de la redevance, braque rarement ses télescopes vers elle. C'est dommage. Elle verrait un sacré spectacle. Mais c'est ainsi. Le XIII a toujours été le mal aimé de la patrie. L'écrivain et journaliste regretté Henri Fabre-Colbert l'appelait rugby cathare ou rugby hérétique. C'était pour lui le sport parfait. Un sport qui est roi en Angleterre, en Nouvelle-Zélande, en Australie et qui, en France, a survécu à toutes les misères tout en s'auréolant, à certaines époques, d’inoubliables pages de légende. Les Dragons catalans en
écrivent une nouvelle depuis qu'ils se sont qualifiés pour la finale de la vieille Coupe d'Angleterre, exploit sans précédent pour un club français. L'aventure trouvera son épilogue demain devant les 90 000 spectateurs du stade de Wembley. L'événement est exceptionnel. Il passionne le public anglais. Il met en effervescence toute la planète treiziste de Saint-Gaudens à Lézignan, de Limoux à Perpignan, partout où est perpétué l'esprit offensif et cultivé le panache qui sied si bien à ce rugby. Tous ceux qui, depuis près de deux ans, suivent le parcours méritoire du club catalan en Super League,
et plus particulièrement lors des rencontres qui ont lieu au
stade Gilbert-Brutus de Perpignan, savent que, dans ce sport difficile et spectaculaire, la qualité et l'émotion sont toujours au rendez-vous. Qu'ils soient à Wembley ou devant les écrans de télévision – heureusement, si le service public faillit à sa mission, Sport + et la chaîne catalane TV3 retransmettent le match – ils porteront jusqu'au bout le rêve de voir s'accomplir l'incroyable exploit. On peut lire chaque jour dans L'Indépendant, sous la plume experte et passionnée d'Hervé Girette, l'analyse des chances des Dragons. Eux, les petits nouveaux de la Super League, dont la présence à ce stade de la compétition était inespérée, eux qui ont éliminé Wigan, dix-sept fois vainqueur de la Cup, ils vont à Wembley sans complexe. Quelle que soit l'issue du match, ils ont déjà remporté la coupe du coeur. En portant très haut le rugby à XIII français, ils permettent à celui-ci de renouer avec ses grandes heures et lui donnent l'espoir de trouver enfin, dans un milieu hostile, la place qu'il mérite.

ego scriptor
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Re: Gilbert Benausse

Message non lu par ego scriptor » 31 mars 2011, 23:06

Même trois ans et demi après, ça fait encore chaud au coeur...
Quel bel édito ! Merci encore Monsieur Revel
:D

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