l’histoire brisée du rugby à XIII

(Pour ceux qui voudrait nous faire partager leurs souvenirs).

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Pilmax
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l’histoire brisée du rugby à XIII

Message non lu par Pilmax » 10 août 2017, 16:14

Avant la Coupe du monde, l’histoire brisée du rugby à XIII

JEAN-FRANçOIS FOURNEL, le 25/10/2013 à 15h42



Engagée dans la Coupe du monde à partir de samedi 26 octobre, l’équipe de France de rugby à XIII n’oublie pas son passé tourmenté.

Le régime de Vichy avait supprimé ce sport et les autorités l’avaient privé de son nom à la Libération.

Au printemps 2013, le monde de l’ovalie a célébré un discret anniversaire. Celui des 20 ans du 4 juin 1993, date de l’arrêt de la Cour de cassation donnant le droit au jeu à XIII de retrouver son nom historique de rugby à XIII.

L’événement peut paraître anecdotique au profane, mais il s’impose très vite dans la conversation avec les dirigeants du XIII dès qu’on aborde la spécificité de leur sport à l’occasion de la Coupe du monde qui commence samedi 26 octobre en Angleterre.

« Cette histoire est à peine croyable », s’exclame Michel Martinet, président de la Ligue Île-de-France, qui tient toujours à portée de main un exemplaire du livre Le Rugby interdit, l’ouvrage d’un Anglais, Mike Rylance, qui en a fait une chronique précise. De fait, ce 4 juin 1993 met le point final à un des plus grands scandales de l’histoire du sport français : la spoliation du rugby à XIII par le régime de Vichy.

Le monde du sport, coupable selon Vichy de décadence

L’histoire qui se termine le 4 juin 1993 commence dans le bureau de Jean Borotra, en août 1940. L’ancien mousquetaire de la Coupe Davis, maréchaliste convaincu mais pas collaborationniste (en désaccord avec la politique de collaboration active de Vichy, il sera renvoyé en avril 1942, arrêté puis déporté), est nommé commissaire général à l’éducation et au sport.

Ancien joueur à XV de l’Aviron bayonnais, Jean Borotra travaille sous la responsabilité du ministre de la famille, Jean Ybarnégaray, également basque et féru de XV. Et il a choisi comme adjoint Joseph Pascot, ancien colonel et demi d’ouverture du XV de Perpignan.

Ces trois quinzistes convaincus ont la charge de faire entrer dans le moule de la Révolution nationale le monde du sport, coupable selon Vichy de décadence, de mollesse, pire, de professionnalisme dans les années 1930 (le football est devenu un sport professionnel en 1932).

Or, le rugby à XIII, qui a connu un succès foudroyant en six ans d’existence (il a été lancé en France en 1934), est le symbole de cette déviance aux yeux du nouveau régime, puisque ses meilleurs joueurs étaient payés. En six ans, il a surtout mangé beaucoup de laine sur le dos d’un rugby à XV en pleine crise depuis l’expulsion en 1931 de l’équipe de France du Tournoi des Cinq Nations.

Le XIII cloué au pilori

Le XIII sera donc cloué au pilori par le régime de Vichy, qui oblige sa fédération à se fondre en octobre 1940 dans celle du XV, sur la foi d’un rapport commandé au docteur Paul Voivenel, psychiatre de renom et président honoraire de la Fédération… du XV.

Selon ce rapport, « la crise (du mouvement sportif) s’aggrava dans le rugby en proie à la déliquescence de caractère qui mènera notre pays jusqu’à la plus grande défaite de son histoire ». Mis sous la tutelle du XV, le XIII sera bientôt purement et simplement interdit par un décret signé du maréchal Pétain en personne le 19 décembre 1941.

Les nouveaux dirigeants du sport français ont-ils profité de l’occasion pour éliminer un concurrent gênant ? Le rapport de 2002 de la commission d’enquête sur le sport sous le régime de Vichy, commandé par la ministre de l’époque, Marie-George Buffet, à l’historien Jean-Pierre Azéma, l’affirme.

« Jeu à XIII »

Dans son ouvrage, l’Anglais Mike Rylance en propose un bref résumé : « La condamnation du rugby à XIII relève (…) pour l’essentiel des démarches effectuées par les responsables de la Fédération de rugby à XV qui virent dans les circonstances du moment une occasion de se débarrasser d’un dangereux rival. » On ne saurait être plus clair.

Après la Libération, les responsables du XIII, dont les matchs avaient repris dès novembre 1944, obtiennent du conseil national des sports, qui fait office de ministère, une reconnaissance officielle de leur activité.

Mais ces treizistes dirigés par Paul Barrière, un des animateurs principaux du réseau de résistance Sport Libre, n’obtiendront pas la restitution des biens de feu la ligue de XIII dissoute.

Ils devront aussi se contenter de la peu flatteuse appellation de « jeu à XIII ». Une étiquette qu’ils mettront près de cinquante ans, jusqu’au 4 juin 2013, à décoller.

JEAN-FRANçOIS FOURNEL

http://www.la-croix.com/Actualite/Sport ... 25-1051450

RAOUL
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Re: l’histoire brisée du rugby à XIII

Message non lu par RAOUL » 10 août 2017, 18:26

Tj bon de rappeler l'histoire du "RUGBY INTERDIT " n 'en déplaise à certains !

pennavaire
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Re: l’histoire brisée du rugby à XIII

Message non lu par pennavaire » 11 août 2017, 06:29

Pilmax a écrit :Avant la Coupe du monde, l’histoire brisée du rugby à XIII

JEAN-FRANçOIS FOURNEL, le 25/10/2013 à 15h42



Engagée dans la Coupe du monde à partir de samedi 26 octobre, l’équipe de France de rugby à XIII n’oublie pas son passé tourmenté.

Le régime de Vichy avait supprimé ce sport et les autorités l’avaient privé de son nom à la Libération.

Au printemps 2013, le monde de l’ovalie a célébré un discret anniversaire. Celui des 20 ans du 4 juin 1993, date de l’arrêt de la Cour de cassation donnant le droit au jeu à XIII de retrouver son nom historique de rugby à XIII.

L’événement peut paraître anecdotique au profane, mais il s’impose très vite dans la conversation avec les dirigeants du XIII dès qu’on aborde la spécificité de leur sport à l’occasion de la Coupe du monde qui commence samedi 26 octobre en Angleterre.

« Cette histoire est à peine croyable », s’exclame Michel Martinet, président de la Ligue Île-de-France, qui tient toujours à portée de main un exemplaire du livre Le Rugby interdit, l’ouvrage d’un Anglais, Mike Rylance, qui en a fait une chronique précise. De fait, ce 4 juin 1993 met le point final à un des plus grands scandales de l’histoire du sport français : la spoliation du rugby à XIII par le régime de Vichy.

Le monde du sport, coupable selon Vichy de décadence

L’histoire qui se termine le 4 juin 1993 commence dans le bureau de Jean Borotra, en août 1940. L’ancien mousquetaire de la Coupe Davis, maréchaliste convaincu mais pas collaborationniste (en désaccord avec la politique de collaboration active de Vichy, il sera renvoyé en avril 1942, arrêté puis déporté), est nommé commissaire général à l’éducation et au sport.

Ancien joueur à XV de l’Aviron bayonnais, Jean Borotra travaille sous la responsabilité du ministre de la famille, Jean Ybarnégaray, également basque et féru de XV. Et il a choisi comme adjoint Joseph Pascot, ancien colonel et demi d’ouverture du XV de Perpignan.

Ces trois quinzistes convaincus ont la charge de faire entrer dans le moule de la Révolution nationale le monde du sport, coupable selon Vichy de décadence, de mollesse, pire, de professionnalisme dans les années 1930 (le football est devenu un sport professionnel en 1932).

Or, le rugby à XIII, qui a connu un succès foudroyant en six ans d’existence (il a été lancé en France en 1934), est le symbole de cette déviance aux yeux du nouveau régime, puisque ses meilleurs joueurs étaient payés. En six ans, il a surtout mangé beaucoup de laine sur le dos d’un rugby à XV en pleine crise depuis l’expulsion en 1931 de l’équipe de France du Tournoi des Cinq Nations.

Le XIII cloué au pilori

Le XIII sera donc cloué au pilori par le régime de Vichy, qui oblige sa fédération à se fondre en octobre 1940 dans celle du XV, sur la foi d’un rapport commandé au docteur Paul Voivenel, psychiatre de renom et président honoraire de la Fédération… du XV.

Selon ce rapport, « la crise (du mouvement sportif) s’aggrava dans le rugby en proie à la déliquescence de caractère qui mènera notre pays jusqu’à la plus grande défaite de son histoire ». Mis sous la tutelle du XV, le XIII sera bientôt purement et simplement interdit par un décret signé du maréchal Pétain en personne le 19 décembre 1941.

Les nouveaux dirigeants du sport français ont-ils profité de l’occasion pour éliminer un concurrent gênant ? Le rapport de 2002 de la commission d’enquête sur le sport sous le régime de Vichy, commandé par la ministre de l’époque, Marie-George Buffet, à l’historien Jean-Pierre Azéma, l’affirme.

« Jeu à XIII »

Dans son ouvrage, l’Anglais Mike Rylance en propose un bref résumé : « La condamnation du rugby à XIII relève (…) pour l’essentiel des démarches effectuées par les responsables de la Fédération de rugby à XV qui virent dans les circonstances du moment une occasion de se débarrasser d’un dangereux rival. » On ne saurait être plus clair.

Après la Libération, les responsables du XIII, dont les matchs avaient repris dès novembre 1944, obtiennent du conseil national des sports, qui fait office de ministère, une reconnaissance officielle de leur activité.

Mais ces treizistes dirigés par Paul Barrière, un des animateurs principaux du réseau de résistance Sport Libre, n’obtiendront pas la restitution des biens de feu la ligue de XIII dissoute.

Ils devront aussi se contenter de la peu flatteuse appellation de « jeu à XIII ». Une étiquette qu’ils mettront près de cinquante ans, jusqu’au 4 juin 2013, à décoller.

JEAN-FRANçOIS FOURNEL

http://www.la-croix.com/Actualite/Sport ... 25-1051450
Merci Pilmax pour ce rappel !

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