L'impasse anglaise ?
Posté : 04 mars 2011, 16:32
Bonjour, landais d'origine, et donc quinziste de fait (désolé :mrgreen: ), je m'interesse depuis quelque temps à votre sport, avec un œil extérieur par rapport au vôtre et certainement un peu différent. J'en suis arrivé à la conclusion que l'approche britanique qui a été choisie en 1995, puis réactivée en 2005 par les dirigeants français est aujourd'hui arrivée à une impasse, qu'elle ne sera jamais à même de briser le "plafond de verre" dans lequel le XIII français est enfermé depuis des décennies. Je m'explique.
Si je ne remets pas en cause ce qu'a apporté la présence des Dragons dans le championnat anglais au XIII français, elle ne peut être uniquement être considérée comme une solution à court/moyen terme, une façon de sauver les meubles si l'on veut (maintien d'un professionnalisme partiel, conservation d'un bastion traditionel du XIII, présence limitée mais avérée dans les médias nationaux,...). En aucun cas, la situation actuelle ne doit être perçue comme un but en soit. A mon sens, pour que l'option britanique tienne la route tant sur le plan sportif, qu'économique ou médiatique, il me semble que 3 conditions (non atteintes aujourd'hui) soient nécessaires, et il est indispensable que ces 3 conditions soient réalisées dans un avenir "raisonnable" (disons, 15 ans).
1) Présence de 4 ou 5 franchises françaises (plus certainement 5) en SL, si possible dans un système de conférence à la Super XV afin d'assurer un pool de joueurs suffisants pour que l'EDF puisse rivaliser avec les meilleurs nations mondiales (ou du moins avec l'Angleterre), et de faire de cette compétion un évènement assez présent sur le territoire national pour que les médias nationaux (et non seulement régionaux) puisse s'y intéresser de manière continue (et non de façon évènementielle comme aujourd'hui).
2) Transformation de la SL en une compétition véritablement pan-européenne dans son essence et dans sa finalité. Cela passe notamment pas des petites choses, comme la traduction en français du site de la SL (les Celtes n'ont pas attendu une semaine après l'introduction des 2 franchises italiennes en Magners League pour mettre en ligne leurs premières pages en italien), ou une adresse du site officiel en .com et non en .co.uk comme aujourd'hui. Mais plus fondatalement, cela veut surtout dire que l'organisation de la compétition et la sélection des franchises soient remises entre les mains d'une instance indépendante non directement gérée par la RFL comme c''est le cas actuellement (joint venture, entreprise privée,... vous choisissez).
3) Intégration de la LER au même titre que le championship dans un système pan-européen global, toutes deux pouvant servir de tremplin pour d'éventuelles nouvelles franchises. L'une s'occupant du versant britannique de la chose, et l'autre assurant le versant continental, et interagissant entre-elles (play-off, conférences, coupe,...). Éventuellement, dans une perspective à très long terme, d'autres ligues (russes, italiennes,... ?) pourraient rejoindre ce système.
A mon avis, ces 3 conditions réunies, nous pourrions avoir un système viable, non vicié, parfaitement intégré et qui serait à même d'assurer le développement du jeu en France et à terme dans d'autres contrées. Malheureusement, rien ne nous permet d'affirmer que ces 3 conditions soient un jour réunies (sans parler d'un avenir à 10 ou 15 ans), et tout ce qu'il s'est passé depuis 2005 nous laisse penser que l'on s'éloigne d'un tel modèle, plutôt que l'on s'en rapproche.
1) sur le nombre de franchises fr en SL: Le TO navigue vers son troisième échec consécutif (ou 4ème si l'on rajoute celui de 1996). En 2008, les dirigeants de la RFL ont fait le choix des Crusaders et du Pays de Galles (1000 licenciés et moins d'une quinzaine de clubs pourtant), et depuis ne ménagent pas leurs efforts pour sauvegarder leur 2 avant-postes britanniques (Quins et Crusaders) en dépit d'affluences ridicules et de crises financières à répétition, et ce, au mépris même de leur propre règlement ; jusqu'à cet été, un article de la RFL stipulait en effet qu'un club qui se retrouvant devant les tribunaux voyait sa licence automatiquement suspendue, article qui a depuis miraculeusement disparu. Est-ce que les Dagons auraient eu droit à une telle mansuétude ? On peut en douter .Tout cela n'empêche pourtant pas les rumeurs de bruisser d'une nouvelle franchise galloise ou d'une expansion vers l'Irlande ou l'Ecosse (des pays où l'on joue au XIII à peu près autant que l'on joue au foot australien en France). La RFL semble avoir pour l'heure prit le plis britannique, avant de peut-être reprendre une approche plus traditionaliste avec la très probable intégration de Widness en SL en 2012. Alors quid des équipes françaises dans un tel panorama ? Même en supposant que le TO soit bien au départ de la SL en 2015, il aura fallu attendre 10 ans pour se créer une deuxième franchise française en SL. En supposant (bis) que le même "patern" se reproduise à l'avenir entre expansion britannique, conservation des bastions traditionnels, et essor français, une 4ème franchise française verrait le jour en 2035, une 5ème, en 2045. Quel sport peut-il se permettre d'attendre aussi longtemps ?
2) Sur la transformation de la SL en une compétition véritablement pan européenne, rien ne semble vouloir avancer là aussi. Lorsque que la SL avait été fondée en 1996, elle était alors pourtant indépendante de la RFL. Depuis, l'aventure PSG XIII s'est terminée dans un bain de sang, et la RFL a repris la main sur la SL, n'en faisant qu'une excroissance déguisée du championnat britanique. Est-ce que la RFL est prête à lâcher son joujou ? Dans le cas inverse, la plupart des médias et des observateurs continueront de percevoir la SL comme ce qu'elle aujourd'hui, à savoir une compétition anglaise dans laquelle sont conviés un peu misérablement quelques clubs français. Une relation d'esclave à maitre, un contrat vicié à la base qui rend l'idée pan-européenne de la SL originelle caduque.
3) Enfin, si l'on peut comprendre les motivations des dirigeants toulousains à accepter en 2008 le cadeau empoisonné que représentait le Championship, jamais la FFR n'aurait dû donner son aval au départ des toulousains outre-manche. Outre le départ de la dernière grande agglomération présente en LER (qui n'a fait qu'accentuer la vision de beaucoup d'un championnat des villages languedociens), et la désorganisation des championnats qui s'en est suivie (championnat à 9 équipes...), surtout l'aventure toulousaine a validé la vision de ceux pour qui la SL n'est qu'un championnat britannique mal déguisé et a entériné (enterré) la LER comme un championnat de 3ème niveau européen, avec toutes les difficultés liées à sa commercialisation et à sa médiatisation que cela suppose (il est d'ailleurs heureux que le TO n'est jamais pu présenter une véritable équipe réserve en LER. Comment vendre une compétition dont l'une des équipes se présente comme une réserve d'un championnat étranger de deuxième division ?). De plus, même d'une perspective toulousaine, Il n'y avait (et il n'y a) toujours rien qui justifiait un tel départ, ni sur le plan sportif (ou alors que très marginalement), ni surtout sur le plan économique, si ce n'est la volonté de ne pas froisser les maîtres du jeu anglais (où l'on retrouve l'idée d'un rapport de force vicié et de subordonnation). Ce qui avait été possible en 2005 avec les Dragons/UTC, l'est toujours aujourd'hui, et le sera encore dans 4 ans.
Bref, pour résumer mon avis, soit la RFL donne à la FFR des gages que les 3 conditions présentées plus haut soient atteignables dans un avenir raisonnable (mais rien ne semble aller dans ce cens aujourd'hui), soit la FFR fait le deuil de l'option britannique (ou pan-européenne, si vous voulez), se prépare à rapatrier les Dragons et le TO, coupe court aux ambitions voyageuses de Lézignan & consort, et se penche dès à présent à mettre en oeuvre pour 2015 un nouveau championnat national et professionnel couplé à une forme de Coupe d'Europe (une vrai évidemment, je ne parle pas d'une participation à la Cup noyée parmi des dizaines d'équipes anglaises). Mais ça, ce sera pour un autre topic :mrgreen:
Des avis ?
Si je ne remets pas en cause ce qu'a apporté la présence des Dragons dans le championnat anglais au XIII français, elle ne peut être uniquement être considérée comme une solution à court/moyen terme, une façon de sauver les meubles si l'on veut (maintien d'un professionnalisme partiel, conservation d'un bastion traditionel du XIII, présence limitée mais avérée dans les médias nationaux,...). En aucun cas, la situation actuelle ne doit être perçue comme un but en soit. A mon sens, pour que l'option britanique tienne la route tant sur le plan sportif, qu'économique ou médiatique, il me semble que 3 conditions (non atteintes aujourd'hui) soient nécessaires, et il est indispensable que ces 3 conditions soient réalisées dans un avenir "raisonnable" (disons, 15 ans).
1) Présence de 4 ou 5 franchises françaises (plus certainement 5) en SL, si possible dans un système de conférence à la Super XV afin d'assurer un pool de joueurs suffisants pour que l'EDF puisse rivaliser avec les meilleurs nations mondiales (ou du moins avec l'Angleterre), et de faire de cette compétion un évènement assez présent sur le territoire national pour que les médias nationaux (et non seulement régionaux) puisse s'y intéresser de manière continue (et non de façon évènementielle comme aujourd'hui).
2) Transformation de la SL en une compétition véritablement pan-européenne dans son essence et dans sa finalité. Cela passe notamment pas des petites choses, comme la traduction en français du site de la SL (les Celtes n'ont pas attendu une semaine après l'introduction des 2 franchises italiennes en Magners League pour mettre en ligne leurs premières pages en italien), ou une adresse du site officiel en .com et non en .co.uk comme aujourd'hui. Mais plus fondatalement, cela veut surtout dire que l'organisation de la compétition et la sélection des franchises soient remises entre les mains d'une instance indépendante non directement gérée par la RFL comme c''est le cas actuellement (joint venture, entreprise privée,... vous choisissez).
3) Intégration de la LER au même titre que le championship dans un système pan-européen global, toutes deux pouvant servir de tremplin pour d'éventuelles nouvelles franchises. L'une s'occupant du versant britannique de la chose, et l'autre assurant le versant continental, et interagissant entre-elles (play-off, conférences, coupe,...). Éventuellement, dans une perspective à très long terme, d'autres ligues (russes, italiennes,... ?) pourraient rejoindre ce système.
A mon avis, ces 3 conditions réunies, nous pourrions avoir un système viable, non vicié, parfaitement intégré et qui serait à même d'assurer le développement du jeu en France et à terme dans d'autres contrées. Malheureusement, rien ne nous permet d'affirmer que ces 3 conditions soient un jour réunies (sans parler d'un avenir à 10 ou 15 ans), et tout ce qu'il s'est passé depuis 2005 nous laisse penser que l'on s'éloigne d'un tel modèle, plutôt que l'on s'en rapproche.
1) sur le nombre de franchises fr en SL: Le TO navigue vers son troisième échec consécutif (ou 4ème si l'on rajoute celui de 1996). En 2008, les dirigeants de la RFL ont fait le choix des Crusaders et du Pays de Galles (1000 licenciés et moins d'une quinzaine de clubs pourtant), et depuis ne ménagent pas leurs efforts pour sauvegarder leur 2 avant-postes britanniques (Quins et Crusaders) en dépit d'affluences ridicules et de crises financières à répétition, et ce, au mépris même de leur propre règlement ; jusqu'à cet été, un article de la RFL stipulait en effet qu'un club qui se retrouvant devant les tribunaux voyait sa licence automatiquement suspendue, article qui a depuis miraculeusement disparu. Est-ce que les Dagons auraient eu droit à une telle mansuétude ? On peut en douter .Tout cela n'empêche pourtant pas les rumeurs de bruisser d'une nouvelle franchise galloise ou d'une expansion vers l'Irlande ou l'Ecosse (des pays où l'on joue au XIII à peu près autant que l'on joue au foot australien en France). La RFL semble avoir pour l'heure prit le plis britannique, avant de peut-être reprendre une approche plus traditionaliste avec la très probable intégration de Widness en SL en 2012. Alors quid des équipes françaises dans un tel panorama ? Même en supposant que le TO soit bien au départ de la SL en 2015, il aura fallu attendre 10 ans pour se créer une deuxième franchise française en SL. En supposant (bis) que le même "patern" se reproduise à l'avenir entre expansion britannique, conservation des bastions traditionnels, et essor français, une 4ème franchise française verrait le jour en 2035, une 5ème, en 2045. Quel sport peut-il se permettre d'attendre aussi longtemps ?
2) Sur la transformation de la SL en une compétition véritablement pan européenne, rien ne semble vouloir avancer là aussi. Lorsque que la SL avait été fondée en 1996, elle était alors pourtant indépendante de la RFL. Depuis, l'aventure PSG XIII s'est terminée dans un bain de sang, et la RFL a repris la main sur la SL, n'en faisant qu'une excroissance déguisée du championnat britanique. Est-ce que la RFL est prête à lâcher son joujou ? Dans le cas inverse, la plupart des médias et des observateurs continueront de percevoir la SL comme ce qu'elle aujourd'hui, à savoir une compétition anglaise dans laquelle sont conviés un peu misérablement quelques clubs français. Une relation d'esclave à maitre, un contrat vicié à la base qui rend l'idée pan-européenne de la SL originelle caduque.
3) Enfin, si l'on peut comprendre les motivations des dirigeants toulousains à accepter en 2008 le cadeau empoisonné que représentait le Championship, jamais la FFR n'aurait dû donner son aval au départ des toulousains outre-manche. Outre le départ de la dernière grande agglomération présente en LER (qui n'a fait qu'accentuer la vision de beaucoup d'un championnat des villages languedociens), et la désorganisation des championnats qui s'en est suivie (championnat à 9 équipes...), surtout l'aventure toulousaine a validé la vision de ceux pour qui la SL n'est qu'un championnat britannique mal déguisé et a entériné (enterré) la LER comme un championnat de 3ème niveau européen, avec toutes les difficultés liées à sa commercialisation et à sa médiatisation que cela suppose (il est d'ailleurs heureux que le TO n'est jamais pu présenter une véritable équipe réserve en LER. Comment vendre une compétition dont l'une des équipes se présente comme une réserve d'un championnat étranger de deuxième division ?). De plus, même d'une perspective toulousaine, Il n'y avait (et il n'y a) toujours rien qui justifiait un tel départ, ni sur le plan sportif (ou alors que très marginalement), ni surtout sur le plan économique, si ce n'est la volonté de ne pas froisser les maîtres du jeu anglais (où l'on retrouve l'idée d'un rapport de force vicié et de subordonnation). Ce qui avait été possible en 2005 avec les Dragons/UTC, l'est toujours aujourd'hui, et le sera encore dans 4 ans.
Bref, pour résumer mon avis, soit la RFL donne à la FFR des gages que les 3 conditions présentées plus haut soient atteignables dans un avenir raisonnable (mais rien ne semble aller dans ce cens aujourd'hui), soit la FFR fait le deuil de l'option britannique (ou pan-européenne, si vous voulez), se prépare à rapatrier les Dragons et le TO, coupe court aux ambitions voyageuses de Lézignan & consort, et se penche dès à présent à mettre en oeuvre pour 2015 un nouveau championnat national et professionnel couplé à une forme de Coupe d'Europe (une vrai évidemment, je ne parle pas d'une participation à la Cup noyée parmi des dizaines d'équipes anglaises). Mais ça, ce sera pour un autre topic :mrgreen:
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